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« art »

Martijn Hendriks et les oiseaux sans oiseaux

15 avril 2008, posté par Yves

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Les Oiseaux sans les oiseaux, par Martijn Hendriks

Et donc pendant que certains font du couper-coller et effacent tout ce qui ne les interessent pas dans un film, pour ne garder qu’une phrase ou qu’un mot, Martijn Hendriks quant à lui a pris sa gomme magique et s’est mis en tête d’effacer un à un les « détails » qui le dérange. Alors un peu comme certains qui s’acharnent sur le gros chat pas drôle, lui, il s’en prend aux oiseaux. Mais pas n’importe quels oiseaux bien sûr: ceux d’Alfred Hitchcock et de son film éponyme de 1963.

Projet en cours, avec des photos ici et des extraits vidéos ici, and et aussi là.

Des pics contre la censure

14 mars 2008, posté par Marc

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Woody Woodpecker © Walter Lantz, 1940

La Capsule multimédia, émission de la Radio suisse romande animée par l’excellent Jean-Olivier Pain (et podcastable ici), fêtait en décembre dernier sa millième chronique. Le 28 février, elle présentait un projet lancé par deux artistes suisses, Christoph Wachter et Matthias Jud. Le site de ces « hacktivistes », picidae.net, met à disposition des internautes un moteur de recherche permettant de capturer, sous forme d’image, n’importe quelle page du Net et de l’afficher dans son navigateur. L’utilité des serveurs pici, mis en place par les deux fondateurs, est de permettre aux internautes d’accéder à des domaines dont le contenu pourrait être l’objet de censure.

Typiquement, en Chine, les blogues de dissidents ou ceux parlant du Tibet libre ne sont pas accessibles depuis les moteurs de recherche (notamment Google). En choisissant le chemin détourné de picidae.net, toute page est désormais visible, y compris pour les employés dont l’entreprise filtre les sites à contenu « adulte  ».

Pourquoi picidae ? Parce qu’il s’agit du nom latin des pics verts (ou « picidés »), sobriquet qu’ont reçu les premières personnes à avoir percé des trous dans le mur de Berlin (en allemand, die Mauerspechte, les « pics verts du mur »).

Alors, si vous pensez être victime de blocages de la part du proxy de votre boîte, ou si vous habitez une région où la censure empêche Internet d’être le plus grand Mur de la démocratie (西单民主墙) jamais construit, rendez-vous sur le moteur de recherche de picidae. Bonne liberté.

Ghosts I – IV. Reznor est revenu avec ses fantômes

4 mars 2008, posté par Yves

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Ghosts I – IV. Nine Inch Nails

Youpi, Trent Reznor est de retour. Et quand je dis Trent Reznor, je ne parle pas du mec aux gros biceps qui pond des Y34RZ3R0R3M1X3D (Year Zero Remixed) pour en finir avec son label et enfin être indépendant et libre de retourner faire de la musique chouette, mais justement de celui qui vient de nous sortir une espèce de machin qu’on dirait qu’il a fait quatre pas en arrière et s’en est retourné pré-9-11 et pré-cure de désintox à l’époque des remixes du halo 14 The Fragile.

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Ghosts I – IV. Nine Inch Nails

Ghosts I – IV c’est presque deux heures de paysages musicaux et le premier album qu’il a fait avec ses amis en dix petites semaines, à peine son contrat avec son label expiré. Et Reznor continue sur la lancée entamée par In Rainbows de Radiohead, puis The Inevitable Rise and Liberation of NiggyTardust! qu’il avait produit avec Saul Williams, et balance donc tout ça sur le Net, avec une partie gratuite, et l’attitude et l’esthétisme qu’on lui connaît.

La distribution est tout en ligne donc, et en plusieurs options, avec un album (sur quatre) 100% gratuit, une version complète en téléchargement à 5 dollars, un double CD en digipak a 10 dollars, une version deluxe a 75, et la version super ultra deluxe limite signée à 300 pour les fans vrai de vrai, le tout avec download immédiat en plusieurs formats en attendant tranquillement les galettes.

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Ghosts I – IV. Nine Inch Nails

Et ce qui va plaire aux geeks c’est que l’album est distribué sous une licence Creative Commons. C’est à dire que tu peux le partager, le copier, le distribuer, le faire écouter à qui tu veux, le remixer et en faire des morceaux dérivés, à la seule condition que tu en précises la source et l’auteur, que tu n’utilises pas le produit à des fins commerciales, et que le produit final que tu auras fabriqué soit distribué sous la même licence CC.

Ça veut donc dire que ce n’est pas juste Ghosts I qui est gratuit, mais tout l’album I – IV, pour autant que tu trouves quelqu’un qui le redistribue. Ça devrait pas être trop difficile. D’autant qu’il y a même des rumeurs que Reznor lui-même a commencé à la distribuer sur les réseaux peer-to-peer

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Ghosts I – IV. Nine Inch Nails

Et pour ceux qui aiment les belles choses, ils ont mis dans le paquet des images jolies avec les mp3 (même dans la version gratuite): un très beau PDF en guise de carnet, les mêmes images en format fond d’écran (4/3 et format cinéma), et même des bannières web à mettre sur ton blog si tu as envie de faire un peu de pub pour l’album. Mais apparemment, ils n’ont pas besoin de plus de pub pour l’instant. Le site était sur-saturé hier soir, et c’était quasi impossible d’afficher les pages web, alors je ne parle même pas de télécharger les morceaux. Ce matin, ils ont mis une petite note pour s’excuser et nous demander d’être patient…

Trent Reznor raconte qu’il voulait faire ça depuis des années, qu’il a voulu bosser avec une perspective très visuelle, décorer des endroits et scénarios imaginaires, composer un fond musical pour rêves éveillés. Alors c’est une nouvelle période dans l’histoire de Nine Inch Nails, avec des trucs pas trop réfléchis, presque acoustiques, et exit les halos pour laisser la place aux ghosts? En tout cas, je ne vais pas faire une critique de l’album, parce que tu peux aussi le télécharger toi-même et te faire ta propre idée…

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Ghosts I – IV. Nine Inch Nails

La toute première jaquette de disque

26 février 2008, posté par Yves

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La première jaquette de disque. Photo © undependent.com

Avant Alex Steinweiss, les disques de vinyle étaient simplement vendus dans des pochettes en papier brun. Et puis ce jeune designer de 23 ans a inventé la première jaquette pour Columbia Records. Le résultat c’est « Smash Song Hits by Rodgers and Hart » et finalement le seul truc sur lequel se raccrochent les labels dans leur lutte contre le mp3 (légal ou non)… La petite histoire et plus de jolies images sur undependent.com.

Stickers grand format chez toi

20 février 2008, posté par Yves

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Stickers grand format © Harmonie Intérieure

Comme son nom semble vouloir l’indiquer, Harmonie Intérieure c’est un site sur lequel on peut trouver de quoi se sentir bien chez soi. Le bonheur, c’est des grands murs, un peu de bon goût, et apparemment un autocollant ou deux. Alors ils créent des stickers décoratifs personalisables, et des plaques photos, des posters en édition limitée. Il y en a pour tous les styles, y compris les chambres d’enfants et les signalétiques urbaines.

Le principe de l’atelier fait que nous fabriquons « à la demande » et, même si nous proposons des collections, vous pouvez nous demander une taille spécifique qui s’adapte à vous besoins et envies… Nous pouvons aussi fabriquez (sic) vos créations.

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Pour ceux qui s’interrogent sur la pose et surtout le décollement, une FAQ répond à toutes les questions matérielles. Mais l’harmonie n’est pas bon marché: le coût de ces stickers en très grand format (80x180cm) peut dépasser 100 euros pièce.

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Merci BB-Blog

Taxidermie mécanique

19 février 2008, posté par Stahlhelm

Fixed - Ferret
Fixed – Ferret © Lisa Black

Lisa Black est une artiste ma foi talentueuse et néo-zélandaise qui adore les animaux. Statiques, imperméables et augmentés. Empaillés aussi, mais avec un brio et une touche personnelle qui rajoute cette once de guilis qui nous torpillent le bas-ventre si souvent dans l’équipe de LiLeLa.

Fixed - Ferret
Fixed – Ferret © Lisa Black

Fixed - Baby Crocodile
Fixed – Baby Crocodile © Lisa Black

Fixed - Fawn
Fixed – Fawn © Lisa Black

Fixed - Fawn
Fixed – Fawn © Lisa Black

Fixed - Duckling
Fixed – Duckling © Lisa Black

Merci NOTCOT.ORG.

Sinographisme

14 février 2008, posté par Marc

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Affiche pour Hyperdesign, biennale du Shanghai Art Museum © Chen Hangfeng, 2006

Les amoureux de graphisme ont souvent tendance à lorgner du côté de Londres et de New York, comme autrefois on vénérait la Suisse d’Adrian Frutiger et de Josef Müller Brockmann. Eh bien on aurait tort aujourd’hui d’ignorer — entre autres — les artistes (appliqués) chinois. Tout d’abord parce que l’écriture chinoise se prête à merveille aux détournements typographiques, mais aussi parce les mégalopoles commerçantes de Chine populaire et de Chine nationale nécessitent des talents bien plus élaborés que ceux servant à mettre en page des cartes de restaurants.

En me baladant sur la Toile extrême-orientale, je suis tombé par hasard sur le site de Chen Hangfeng (陈航峰), jeune graphiste diplômé de la section des beaux-arts de l’Université de Shanghai (上海大學美術學院) actif depuis une décennie dans sa ville natale. Il y a deux ans, il a fondé sa propre agence, iCandy Studio, dont les débuts semblent prometteurs. Chen Hangfeng n’est pas encore le roi de la terre, mais il a du potentiel, ce p’tit gars.

Cela dit, pour vraiment vous faire plaisir et découvrir ce qui s’est fait de mieux en Chine Pop’, Hong Kong, Taiwan et Macao, jetez un œil attendri sur l’exposition virtuelle Chinese Graphic Design Towards the International Sphere. Un vrai bonheur.

Le piano à archets

13 février 2008, posté par Yves

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Photo © delgaudm

Le musicien et compositeur Stephen Scott s’est permis il y a une trentaine d’années de remettre en question l’instrument de musique sans doute le plus intouchable, pour en créer un nouveau. Ainsi est né le piano à archets (« bowed piano » en version originale) dans les entrailles d’un piano à queue traditionnel.

On lui enlève son couvercle et ce sont dix musiciens qui se penchent sur ses viscères comme une équipe de chirurgiens — ou de hyènes — sur leur patient. Le résultat est un ensemble à cordes particulier et harmonieux, et la preuve qu’en art tout est à remettre en question.

Une autre vidéo est disponible sur le site de NPR, la radio publique US.

Bible jaune et autres typomanies

8 février 2008, posté par Marc

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Illustration © Christian / I Love Typography, 2008

John D. Boardley aime la typographie. Il l’aime tant qu’il a décidé, l’été passé, de mettre en ligne un blogue qui ne parlerait que de ça et dont l’intitulé serait on ne peut plus clair : I Love Typography.

Ce presque quarantenaire qui vit au Japon, dans la préfecture de Kagawa (香川県), nous parle de ses découvertes sur la Toile, de ses propres expériences graphiques, d’un autre site de niouzes qu’il souhaite bientôt mettre en ligne et de… FontBook.

Pour ceux qui ne l’auraient pas déjà sur leur table de nuit (à la place où d’autres déposent le Nouveau Testament, la Torah, le Coran, La Bhagavadgîtâ, l’index du Canon bouddhique, le Necronomicon ou le dernier roman de Paul Auster), sachez que FontBook n’est rien de moins que la bible de la typographie : le meilleur compendium de fontes au monde. Depuis 1991, cette sorte d’annuaire jaune (qui comprend 1760 pages et pèse trois kilos) est la référence en matière de typographie contemporaine. Bref, le livre que vous emporteriez sur une île déserte.

Eh bien notre ami Boardley a eu la bonne idée de lancer, le 27 janvier, un concours de fausses pubs pour FontBook qui intégreraient l’ouvrage dans un contexte cinématographique. Les résultats, fort sympathiques, peuvent être consultés sur… J’aime la typographie (en anglais dans le texte).

Memento mori

6 février 2008, posté par Marc

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Au coin de la rue. Photo © Quelque part sur la Terre, 2007

En ces temps de jeunisme où il est de bon ton d’avoir la peau lisse, le sein haut et la fesse ferme, à une époque où l’hygiénisme stigmatise la bouffe, l’alcool et le tabac, où l’éternité se commercialise à travers des crèmes anti-âge et où la santé devient un capital à gérer comme une assurance-vie, la mort est l’apanage du pauvre, du tiers-mondiste, du gueux. En bref : mourir est une grave faute de goût.

Bien sûr, quelques Continentaux s’amusent à se faire peur en jouant à l’Irlandais : ils fardent leurs enfants comme des sorcières et fêtent Halloween en gaspillant des citrouilles qui auraient fait de bonnes soupes de Toussaint. Des marques de luxe telles que Dior et Fendi ont déclaré très chic d’affubler leurs chiffons de têtes de morts. Pour les moins fortunés d’entre-nous, — et pour les enfants —, H&M a trouvé très mignon de couvrir ses nippes de crânes du plus bel effet, tout roses et souriants…

En résumé, on prend la Mort pour une conne. D’abord parce qu’on croit pouvoir la contrer, mais aussi parce qu’on espère en jouer par quelques artifices commerciaux. La mort, on l’aura compris, est désormais l’objet de toutes les vénalités, qu’il s’agisse d’armes à rentabiliser ou de fringues à fourguer.

Au milieu de cette danse macabre au parfum mercantile, un site Internet rappelle, avec beaucoup d’élégance et de pertinence, que la mort est fondatrice de mouvements artistiques et de religions. Bref : qu’il ne faut ni la fuir ni la vendre, mais l’apprécier pour ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : une prodigieuse source de création et de motivation.

L’Encyclopédie sur la mort (La mort et la mort volontaire à travers les âges) vous offre d’excellentes études thématiques (histoire, philosophie, thanatologie, sciences des religions, etc.), vous présente les enjeux sociaux dont la mort est l’objet, vous parle de mort volontaire et avance de nombreuses statistiques à vous faire… chaud dans le dos.

Petite merveille de bon sens proposée en partenariat avec l’Encyclopédie de l’Agora (que nous ne pouvons que vous recommander), L’Encyclopédie sur la mort est l’œuvre d’esprits éclairés :

(…) L’Encyclopédie sur la mort veut s’intéresser à ce phénomène sous ses multiples aspects et ses diverses modalités. Elle est curieuse de la pensée de la mort qui a habité et hante encore tant d’écrivains, de poètes, d’artistes, de savants, de philosophes et de sages. Elle veut rendre compte des résultats des recherches sur la mort ainsi que de la mentalité générale des populations à l’égard de la mort. Elle s’approchera de la mort avec pudeur et discrétion, consciente du mystère qui l’enveloppe et de la crainte qu’elle inspire. (…)

(Extrait de la Présentation générale de l’Encyclopédie par Éric Volant)


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