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« Chine »

Vous reprendrez bien un peu de plomb avec votre plomb?

4 octobre 2007, posté par Yves

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On vous en avait parlé en juin dernier, les jouets Thomas & Friends retirés du marché aux USA à cause de peinture au plomb. C’était pas très rigolo et on s’est tous posé plein de questions du genre « le capitalisme sauvage et notre propre manque de civisme vont-ils amener notre civilisation à sa perte? », mais après on a vite oublié tout ça et on est allé manger une glace pistache-vanille.

Et bien l’histoire n’est pas finie, et surtout elle est en fait plus drôle qu’on ne le pensait. Les jouets en question ont bien été rappelés par la compagnie RC2, qui a ensuite envoyé un autre jouet en bonus et en guise de cadeau d’excuse aux clients mécontents. Malheureusement, ils viennent de se rendre compte que certains de ces nouveaux jouets sont eux aussi couverts de peinture au plomb, et ces mêmes clients ont reçu une nouvelle lettre leur demandant de vérifier le numéro de série du jouet, et de le leur renvoyer le cas échéant… Il est temps pour RC2 de changer d’usine, changer d’employés, changer d’agence de communication, et sans doute de chercher de nouveaux clients.

Merci Consumerist

Petits seins et grosse censure

1 octobre 2007, posté par Marc

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Illustration © Harry Harrison, 2006

Il y a peu, le gouvernement chinois interdisait les « bruits sexuellement provocateurs » à la télévision. Maintenant, c’est le tour des soutiens-gorge qui poussent les attributs de ces dames vers le haut. Les chaînes de télévision qui vantaient les mérites des push-ups et autres Wonderbras se sont vues censurées.

Selon l’Administration d’État pour la radio, le cinéma et la télévision, d’autres mesures toucheront aussi les publicités pour les jouets sexuels et celles qui mettent en scène des célébrités présentant les bienfaits de médicaments.

Une question demeure : les Chinoises seront-elles condamnées à rester seins nus sous leurs t-shirts quand reviendra la mousson ?

Merci Reuters

Elle voit des Tours Eiffel partout

20 septembre 2007, posté par Yves

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La Tour Eiffel en banlieue de Shanghai. Photo © Reuters

C’est beau, ça ressemble à l’hôtel Paris de Las Vegas, qui lui-même ressemble étrangement à la fameuse et classieuse Tour de Tokyo… Bon, c’est officiel et pourtant ça a fait relativement peu de bruit: après le Japon et les US, le mauvais goût « à la parisienne » est enfin arrivé en Chine. Je ne parle pas d’un pavillon extravagant pour l’expo universelle de Shanghai, mais bien d’un complexe immobilier dans la banlieue de cette même ville, construit comme une réplique en carton-pâte de DisneyWorld, et dont la pièce de résistance est la deuxième plus grosse réplique de Tour Eiffel au monde.


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Tianducheng

Si vous voulez aller y boire un petit pastis sur la terrasse du café Chez Li, vous trouverez cette petite communauté de nouveaux riches au doux nom de Tianducheng à côté de Hangzhou, la capitale de la province du Zhejiang. Pas de panique, on y a aussi mis un Arc de Triomphe et suffisamment de bâtiments haussmanniens pour loger 100 000 personnes (même si pour l’instant il n’y en a que 2 000 qui habitent les 1 900 hectares de cette petite ville).

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Paris Hotel, Las Vegas © lyng883

La tour fait donc 108 mètres de haut, contre celle de Las Vegas qui en fait 165 et qui est la plus grande du monde, si on met de côté la Tokyo Tower qui est elle plus haute de l’originale, et surtout d’un raffinement élégant à base de rayures rouges et blanches et d’absence de fioritures importunes.

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Tokyo Tower © studioghibli.net

Mais je déconnais quand je disais que le mauvais goût venait d’arriver en Chine, parce qu’en fait il y a déjà une copie de la Tour Eiffel de 100 mètres de haut dans le parc d’attractions « Window of the World » de Shenzhen. Donc si je comprends bien, la tour de Tianducheng est une copie de celle de Shenzhen alors?


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« Window of the World » a Shenzhen

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Tour Eiffel de Shenzhen © switchstyle

Bon, je voulais quand même en profiter pour préciser que Gustave Eiffel n’a pas inventé le porte-jarretelle, c’est un canular invente par Gotlib dans les années 60.

Karate Kid pour de vrai

12 septembre 2007, posté par Stahlhelm

G.I. Joe

Une petite brève pour partager avec vous cette jolie perle de bataille de polochons pour de vrai organisée par des adultes en mal d’auditoire. Deux gamins vraiment pas secs derrière les oreilles (11 ans) qui ont passé bien plus de temps à se faire taper dessus par leurs entraîneurs respectifs que devant un émulateur de C64 tournant International Karate se cassent la gueule sur la scène de ce qui ne ressemble pas du tout à une cour de récré :

Merci The Yin Yang Report.

Tout est relatif (sauf les absolus)

21 août 2007, posté par Yves

Prenez des chiffres, n’importe lesquels, et mettez les en parallèle. Forcément vous pourrez en tirer des conclusions.

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Dépenses militaires par pays, en fonction du PNB.

Suivant votre penchant et le but de votre message, vous pourrez les faire parler comme ça vous arrange le mieux, et leur faire dire les vérités les plus éloquentes.

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Dépenses militaires par pays, par habitant.

Et puis après il y a les faits bruts. Et même sans être un vrai pacifiste hippie, ces chiffres là, ils donnent quand même envie de dire « faites l’amour, pas la guerre »…

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Dépenses militaires par pays, en absolus.

Via: nationmaster.com, source: The CIA World Factbook

La réincarnation : une affaire d’état

20 août 2007, posté par Marc

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Avalokiteśvara, bodhisattva dont le Dalaï-Lama serait la quatorzième réincarnation.
Image © Dhagpo Kagyu Ling, 2004

Désormais, c’est officiel : les réincarnations de moines bouddhistes tibétains seront soumises à une autorisation des autorités chinoises. Si si. Selon l’Administration d’État pour les affaires religieuses (国家宗教事务局 = Guójiā Zōngjiào Shìwùjú), une nouvelle loi, qui prendra effet le mois prochain, définira précisément les procédures d’identification des enveloppes corporelles de ces messieurs du clergé bouddhique.

On devine bien évidemment la mainmise que la République populaire souhaite avoir sur les affaires jusque-là réglées par le Dalaï-Lama (Tala’i bLama). Après cinq décennies d’occupation chinoise, le Tibet semble essuyer une nouvelle défaite. Pourtant, le maître spirituel tibétain, qui vit en exil depuis 48 ans, a d’ores et déjà annoncé qu’il ne renaîtrait pas dans sa mère patrie tant que celle-ci serait sous la tutelle du gouvernement de Pékin.

Un souci pointe cependant déjà à l’horizon : il se pourrait bien qu’après la mort de l’actuel Dalaï-Lama, les autorités chinoises choisissent elles-mêmes un nouveau représentant du bouddhisme tibétain, et ce parallèlement à celui que les religieux en exil auront déniché.

Selon Paul Harrison, célèbre professeur de bouddhisme de l’Université de Stanford, il y a de fortes chances pour que le nouvel élu naisse parmi les 130000 Tibétains en exil de par le monde. Après tout, peu importe que son passeport ne soit pas… chinois.

Merci Newsweek

Plus c’est gros, plus c’est beau

17 août 2007, posté par Marc

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Le caractère biáng. Image © Wikipedia, 2006

Bien avant l’arrivée au pouvoir du Parti communiste, la simplification des caractères courait déjà dans les esprits d’intellectuels chinois. Lu Feikui (陆費逵 = 陆费逵), éditeur du Journal de l’éducation (教育杂志), avait déjà eu l’idée, en 1909, de limiter le nombre de traits de sinogrammes d’usage courant. Par la suite, les caractères chinois ont été accusés de limiter l’accès à l’éducation, raison pour laquelle une réforme de l’écriture prenait place dès 1956. Aujourd’hui, deux systèmes cohabitent dans le monde chinois, l’un — les caractères simplifiés (简体字) — étant en usage en République populaire de Chine, l’autre — les caractères non simplifiés (繁體字) — est toujours employé à Hong Kong, Macao et Taiwan.

Un caractère a échappé à la purge communiste, celui des pâtes biáng biáng, une spécialité de la province du Shǎnxī (陝西). L’étrangeté de cette spécialité ne réside pas tant dans son apparence (des nouilles longues et épaisses) que dans la manière dont on écrit son nom. En effet, le caractère employé pour écrire le mot biáng comprend 58 traits (57, suivant la façon de tracer le caractère du cheval, 馬, en son centre).

Aujourd’hui, ce mot n’est plus menacé par la Révolution culturelle, mais par l’évolution technologique. Des ordinateurs disponibles aujourd’hui sur le marché chinois et européen, aucun n’est capable de le reproduire dans un traitement de texte ou un logiciel de graphisme, et pour cause : il n’apparaît dans aucune police de caractères commerciales. Il est donc devenu courant de remplacer le sinogramme de 58 traits par d’autres mots plus faciles à écrire.

On ne connaît pas précisément l’origine du caractère biáng. D’aucuns prétendent que c’est Lǐ Sī (李斯, environ 280 à 208 avant J.-C.), un chancelier de la dynastie des Qin (秦), qui l’aurait inventé. C’est peu probable, car le Dictionnaire Kangxi (康熙字典, une très grande référence qui verrait le jour dix-sept siècles plus tard) ne le mentionne pas.

N’empêche qu’aujourd’hui, ce caractère existe toujours, mais pour combien de temps encore ? Son étrangeté fait son charme, mais aussi sa faiblesse.

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Le caractère biáng sur une pancarte. Photo © Prince Roy’s Realm, 2004

Appelons-le Arobase

17 août 2007, posté par Marc

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L’origine hypothétique de l’arobase. Image © Wikipedia, 2006

Un couple chinois souhaitait appeler son enfant « @ », rien de plus, rien de moins. Les parents voyaient dans ce caractère un signe de leur amour. Problème : l’arobase, bien que naturellement utilisé en Chine comme ailleurs pour adresser des messages électroniques, n’est pas à proprement parler un nom commun (pas plus que dans les langues occidentales, d’ailleurs).

Selon le père, le fait que l’arobase (que les Chinois prononcent at, à l’anglaise) ressemble à ài tā (愛他/她 = « l’aimer »), justifierait son usage comme prénom. Pour l’heure, nous ne savons pas si le gouvernement a accepté la requête du couple. Toujours est-il qu’en début d’année, l’administration chinoise a annoncé son refus d’utiliser des chiffres, des mots étrangers (en caractères latins, donc) et des symboles n’appartenant pas au corpus des mots chinois.

Il semblerait que quelque soixante millions de Chinois rencontrent constamment des problèmes avec leurs prénoms du fait qu’ils contiennent des caractères — certes officiels — mais si rares que le commun des mortels se voit incapable de les lire. Sans compter que la plupart des polices de caractères informatiques ne les contiennent pas.

Un exemple fameux est celui de l’ancien premier ministre Zhū Róngjī (朱鎔基) dont le caractère 鎔 (róng = 熔 = « fondre »), s’avère plutôt rare dans l’usage. Bien des rédacteurs de journaux se sont fait des cheveux blancs à cause de ce mot.

En francophonie, reste à savoir si nous pourrons appeler nos enfants Arobase plutôt qu’Elbase. Ce serait drôle, quoiqu’un peu geek sur les bords, non ?

Merci Reuters

Le boulier ? Ringard !

16 août 2007, posté par Marc

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Adding Machine #5. Photo © Andy Aaron, 2007

Toute personne ayant voyagé en Chine s’est vue un jour épatée par la dextérité de marchands calculant le prix de légumes à l’aide d’un boulier. Depuis l’antiquité, les abaques ont en effet permis à nos ancêtres d’éviter la surchauffe cérébrale. Plus tard, les règles à calculer ont rendu la trigonométrie un poil moins laborieuse, et je me souviens, étant gamin, m’être perdu dans la contemplation béate de ces instruments fonctionnant non à l’énergie solaire, mais à l’huile de coude.

L’une des premières machines à calculer que j’ai achetées (d’occasion) était la Hewlett-Packard 21, fabriquée à Singapour par le géant de l’électronique étasunien. Je conserve religieusement cette relique née à peu près en même temps que moi et l’emploie quotidiennement.

Eh bien depuis peu, je me mets à rêver de calculettes en… bois. Si si. Un bricoleur de génie, Andy Aaron, s’est mis en tête de développer des calculatrices steampunk mêlant électronique et interrupteurs de grand’mère, comme sur ma bonne vieille machine à café Francis Francis.

Si vous aimez les écrans à diodes électroluminescentes rouges, si la présence d’une manivelle sur une machine à calculer vous fait frissonner, jetez sans plus tarder un coup d’œil à la galerie de cet artiste aussi moderne que désuet.

Eh, les gars, Noël c’est bientôt, non ?

Merci 极客社区

Le rire jaune d’un cétacé

8 août 2007, posté par Marc

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Le Lipotes vexillifer ou dauphin de Chine. Photo © 伦敦华语, 2007

La photo du dauphin que vous voyez ci-dessus devrait vous faire le même effet que celle d’un arrière-grand-père dans votre album de famille : il vous sourit, et pourtant il est mort depuis longtemps.

En effet, le dauphin de Chine (en latin : Lipotes vexillifer, en chinois : 白鱀, baiji) vivait autrefois à l’est de la Chine, dans les haut et moyen Yang Tsé (長江, Chang jiang) ainsi que dans le Qiantang (钱塘江, Qiangtang jiang). Dans les années cinquante, il avait déjà disparu du Qiantang. À la fin des années soixante-dix, on estimait que quelque 400 individus survivaient encore dans le Yang Tsé et ses canaux latéraux. Vingt ans plus tard, on n’en dénombrait plus que treize, chiffre qui allait définitivement leur porter malheur.

La disparition progressive des baiji est sans doute due aux filets des pêcheurs dans lesquels ces mammifères se prenaient plus souvent que rarement les nageoires, finissant par erreur dans un bol de lamian (拉麵). En 2002, on apercevait pour la dernière fois un dauphin chinois dans son habitat naturel. Manque de pot, son unique congénère vivant en captivité, un mâle que les humains nommaient Qiqi (淇淇), mourrait la même année après vingt ans de détention à l’Institut d’hydrobiologie de Wuhan (武汉水生生物研究所).

Je vous raconte tout ça parce qu’un groupe de chercheurs vient de publier un article dans les Biology Letters annonçant qu’après six semaines de recherche, force est de constater que le baiji n’existe probablement plus. En fait, cela représente même la première extinction globale d’un grand vertébré depuis cinquante ans ou, plutôt, la quatrième disparition totale d’une famille de mammifères en cinq cents ans.

Bref, si au cours votre prochaine croisière sur le Yang Tsé vous apercevez un dernier baiji, rendez-lui un sourire compatissant et dites-lui adieu. Ce sera la dernière fois que vous en verrez un avant de… disparaître à votre tour.

Merci Biology Letters


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