Archives pour la tagégorie
« mort »

Une relique révolutionnaire

6 septembre 2007, posté par Marc

che-veux.jpg
La mèche du Che que détient Gustavo Villoldo. Photo © Latin Amerian Studies, 2007

Gustavo Villoldo, un exilé cubain âgé de 71 ans, prétend détenir une mèche de cheveux ayant appartenu à Ernesto « Che » Guevara. Comment l’aurait-il obtenue ? L’ancien agent de la CIA, qui aurait participé à la traque du révolutionnaire argentin en Bolivie, aurait coupé ces quelques brins symboliquement, avant d’enterrer le Che, afin de trancher symboliquement l’un des symboles de la Révolution : les cheveux longs.

Gustavo Villoldo souhaite vendre la mèche (!) de même qu’une carte ayant servi à la poursuite de Guevara et des photos du héros défunt pour quelque 7 millions de dollars (€ 5.15 mio), et ce lors d’une vente aux enchères qui se tiendra au Texas les 25 et 26 octobre.

Je ne veux pas me faire le chantre de la Révolution, je ne souhaite pas non plus encenser la dépouille de Guevara, mais comment peut-on, comme Villoldo, spéculer sur les restes d’une personne que l’on a aidé à tuer ? Non content d’avoir participé à la disparition de l’une des plus grandes figures du siècle passé, le vieil homme ne manque-t-il pas une nouvelle fois de dignité ? En zoologie, on appelle ça un charognard.

Merci les agences de presse

En mourant, on se fait des copains

30 août 2007, posté par Marc

chrysomya.jpg
Chrysomya albiceps. Photo © Medizinische Universität Wien, 2002

Il existe pas mal de techniques pour déterminer le moment où un être humain est passé de l’état de consommateur à celui de macchab. On peut par exemple utiliser la température du corps, laquelle met bien huit à douze heures pour rejoindre celle du climat ambiant (dans les pays tempérés, cela va sans dire, car dans les contrées hospitalières où il fait déjà 37.2°C le matin, une telle égalisation est bien plus rapide).

On peut aussi se baser sur la rigidité cadavérique qui commence par la nuque avant de se répandre dans le corps entier — un corps mettant huit à douze heures pour se transformer en bout de bois (qui, peu après, se ramollit à nouveau sous l’effet de la décomposition).

Il existe encore les lividités cadavériques, à savoir les taches violacées que la peau acquiert sous l’effet du déplacement passif de la masse sanguine dans les coins et recoins de la dépouille…

En fait, le nec plus ultra de la datation d’un passage de vie à trépas, la manière la plus élégante de connaître l’heure d’un rendez-vous avec la Mort demeure l’entomologie médico-légale (en anglais : forensic entomology). Dans les séries télévisées qui nous empêchent de nous coucher avant minuit, cette étape des enquêtes criminelles est souvent passée sous silence. Et pour cause : il ne faudrait pas, précisément, nous empêcher de dormir une fois le poste de télévision éteint.

Cela dit, cette discipline de la police scientifique s’avère sans doute l’une des plus intéressantes. Grosso modo, comment cela marche-t-il ? Une fois la victime découverte, les enquêteurs prélèvent la « faune » se promenant sur le corps et alentour. En fait, pas seulement les bestioles vivantes, mais aussi celles qui, à leur tour, ont passé l’arme à gauche. L’emplacement, le moment et les conditions de prélèvement sont des informations primordiales.

Les petites bêtes qui courent sur leur repas de famille sont dès lors conservées dans de l’alcool (ce qui est l’une des manières les plus nobles de mourir, non ?) ou sont gentiment élevées en couveuse, histoire d’obtenir les mêmes conditions d’humidité et de température que celles dans lesquelles on les a trouvées.

Les stades larvaires, la durée d’incubation des œufs et le moment d’arrivée sur la dépouille sont des éléments qui permettent de retrouver, par croisements statistiques, le délai qui sépare la découverte du corps du moment où son propriétaire s’est absenté d’icelui.

Si je vous décris toutes ces joyeusetés, ce n’est pas que je broie du noir — il y a longtemps que les attentats quotidiens en Irak m’ont insensibilisé —, mais simplement parce qu’un Helvète pas piqué des hannetons (lui !) maintient un site qui ne brille certes pas par son graphisme, mais par son contenu. Claude Wyss (éminent pipomane au demeurant) y présente l’ouvrage qu’il a publié avec Daniel Cherix ainsi que l’expérience acquise durant les dix-sept années où il a assumé, au sein de la police vaudoise, le poste d’inspecteur en charge de la levée des corps. Bref, une riche source d’informations qui ravira tant les amateurs de polars (lecteurs et/ou écrivains) que les amoureux de la vie… sous toutes ses formes.

Le site de Claude Wyss, c’est ici.

Vive la vraie vie

9 août 2007, posté par Stahlhelm

Parmentier
Tombe de Parmentier et offrandes au Cimetière du Père-Lachaise. Photo © nicolas zein, 2007

Je suis extrêmement content. Grâce à LiLeLa, mais aussi un peu grâce à Artifica, ma sordide nécrophilie voyeuristique peut enfin se passer du vol 1397 et éviter de glisser sur une once de malchance métropolitaine pour visiter le Cimetière du Père-Lachaise sans se mouiller le marcel.

Ce site nous offre une visite virtuelle du lieu et il est de mon devoir d’avouer bien bassement que c’est quand même trop tiptop pour que lll faille à sa tâche de héraut du ouèbe.

Du coup, on retombe évidemment à quatre pattes dans un pseudo-métavers, mais LiLeLa c’est aussi un peu ça : un ouroboros enfant qui ne regrette rien.

La science est impuissante face à la mort.
Seuls l’art et les rêves nous offrent une consolation.

Merci The Presurfer pour cet autre moment de poésie lilelaïque.

Le rire jaune d’un cétacé

8 août 2007, posté par Marc

baiji.jpg
Le Lipotes vexillifer ou dauphin de Chine. Photo © 伦敦华语, 2007

La photo du dauphin que vous voyez ci-dessus devrait vous faire le même effet que celle d’un arrière-grand-père dans votre album de famille : il vous sourit, et pourtant il est mort depuis longtemps.

En effet, le dauphin de Chine (en latin : Lipotes vexillifer, en chinois : 白鱀, baiji) vivait autrefois à l’est de la Chine, dans les haut et moyen Yang Tsé (長江, Chang jiang) ainsi que dans le Qiantang (钱塘江, Qiangtang jiang). Dans les années cinquante, il avait déjà disparu du Qiantang. À la fin des années soixante-dix, on estimait que quelque 400 individus survivaient encore dans le Yang Tsé et ses canaux latéraux. Vingt ans plus tard, on n’en dénombrait plus que treize, chiffre qui allait définitivement leur porter malheur.

La disparition progressive des baiji est sans doute due aux filets des pêcheurs dans lesquels ces mammifères se prenaient plus souvent que rarement les nageoires, finissant par erreur dans un bol de lamian (拉麵). En 2002, on apercevait pour la dernière fois un dauphin chinois dans son habitat naturel. Manque de pot, son unique congénère vivant en captivité, un mâle que les humains nommaient Qiqi (淇淇), mourrait la même année après vingt ans de détention à l’Institut d’hydrobiologie de Wuhan (武汉水生生物研究所).

Je vous raconte tout ça parce qu’un groupe de chercheurs vient de publier un article dans les Biology Letters annonçant qu’après six semaines de recherche, force est de constater que le baiji n’existe probablement plus. En fait, cela représente même la première extinction globale d’un grand vertébré depuis cinquante ans ou, plutôt, la quatrième disparition totale d’une famille de mammifères en cinq cents ans.

Bref, si au cours votre prochaine croisière sur le Yang Tsé vous apercevez un dernier baiji, rendez-lui un sourire compatissant et dites-lui adieu. Ce sera la dernière fois que vous en verrez un avant de… disparaître à votre tour.

Merci Biology Letters

Attention ! Là ! Juste derrière ton dos !

3 août 2007, posté par Stahlhelm

La main de Bienne
Photo de main (ectoplasmique ?) baladeuse prise à Bienne (sic !!), devant la gare

Au Japon, l’été est, entre autres, la saison de l’horreur. Non pas parce que le taux d’humidité avoisine mon niveau d’intolérance maximal, mais parce que les locaux adorent se raconter des histoires terrifiantes, voir des photos de fantômes et autres machins pas sains pour le cœur de musaraigne alpine (sorex alpinus) qui palpite tant bien que mal sous le fin duvet frisé de mon sein accueillant.

On dit que les frissons provoqués par ces sornettes pour lycéennes en colonie de vacances auraient des effets réfrigérants sur la large audience-éponge assoiffée de ces histoires lugubres d’hôpitaux ou d’écoles abandonnés.

Fillette
Esprit d’une fillette photographié au bord de la route

Vous me direz que cette coutume aura pour effet secondaire de réjouir M. Gore, car l’usage, autrement abusif, de l’air conditionné baisse en général de quelques % les soirées au cours desquelles la télévision japonaise passe des émissions sur ce thème champêtre. Et je vous donnerai raison, sauf qu’en ce qui me concerne, je me cache en général très lestement et tout prestement sous une épaisse couverture d’hiver pour me protéger de la venue de Sadako.

Les deux vidéos ci-dessous sont des compilations frénétiques de photos ordinaires ou d’images télévisées dans lesquelles des esprits frappeurs ou vengeurs se seraient subreptiscement glissés pour rafraîchir nos longues nuits estivales.

1ère partie

2e partie

Bon ben moi je vais me coucher et laisser mes lumières, écrans LCD divers et autres torches enduites de poix tout allumés.

Merci Japan Probe et 貞子 (Sadako).

Découverte d’un bébé momifié

28 juillet 2007, posté par Marc

mur.jpg
Photo d’illustration © Lionel Allorge

On croirait le scénario d’un film d’horreur à la William Friedkin. Il s’agit en fait de l’histoire à la fois tragique et émouvante d’un bébé vieux (peut-être) de… quatre-vingts ans.

Un rénovateur de Toronto, Bob Kinghorn, a fait une étrange découverte alors qu’il tirait un câble électrique dans le mur d’une maison de la Kintyre Avenue : dans cette bâtisse de trois étages était emmuré un petit enfant, enveloppé en position fœtale dans un journal datant du 15 septembre 1925.

L’entrepreneur fait aujourd’hui appel à des donateurs afin d’offrir de dignes funérailles au bébé momifié. Il souhaite même le renommer « Baby Kintyre », en souvenir de la rue où il a connu cette mort étrange.

De son côté, la police analyse la dépouille afin de déterminer si celle-ci porte des indices de malformations ou de traumatismes. Il lui est pour l’heure impossible de déterminer précisément l’âge de l’enfant au moment de son décès, ni depuis quand celui-ci était emmuré.

Comme quoi, souvent, les films d’horreur ne sont qu’une pâle imitation de la réalité.

Merci canada.com

Oscar, le chat de la mort-qui-tue

27 juillet 2007, posté par Marc

oscar.jpg
Oscar, le chat qui sent la Mort. Photo © Stew Milne / Times Union, 2007

Je ne sais pas si Lovecraft, l’hagiographe des Grands anciens, a quelque chose à voir là-dedans, mais toujours est-il que Providence (Rhode Island) fait à nouveau parler d’elle ces jours, et cette fois pour une affaire de chat.

En effet, les couloirs d’un hôpital de la ville natale du maître de l’horreur sont arpentés par un félin aux étranges pouvoirs de prescience. Durant les deux années qu’il a passées dans l’unité des démences au dernier étage du Steere Nursing House and Rehabilitation Center, Oscar (c’est son nom) s’est pointé plus de 25 fois auprès des lits de patients qui sont morts… dans les deux heures qui ont suivi la visite du chat thanatologue.

Le docteur David Dosa, de la Brown University, vient de publier un article sur la question dans le Journal de médecine de Nouvelle-Angleterre. Le don de l’animal est à ce point efficace que quand Oscar vient promener ses griffes dans les environs d’un patient, les infirmières n’hésitent pas une seconde à contacter la famille du futur macchabée (commandent-elles aussi les planches ?).

Alors, don de voyance ou perception biochimique ? La question demeure. Grrr.

Merci New England Journal of Medicine


Fermer
E-mail It