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« religion »

Sokushinbutsu, ou comment se momifier soi-même

31 mai 2008, posté par Corbor

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Les sokushinbutsu (即身仏) étaient des moines bouddhistes du nord du Japon qui, sous la direction des écrits de Kukai, se momifiaient eux-même afin de devenir des bouddhas dans l’outre-monde et de laisser du même coup un souvenir à leur pairs.
La pratique consistait à se nourrir exclusivement de graines et de noix pendant 1000 jours, tout en pratiquant une série d’exercices physique éprouvant. L’objectif était de se débarasser de toutes traces de graisse dans le corps. Cette première phase finie, le moine passait à un autre régime consistant d’écorces et de racines de pins. On faisait passer ça avec du thé à base de séve d’Urushi, une substance extrêmement toxique habituellement utilisée pour faire de la lacque. Le procédé rendait le corps du moine empoisonné et donc fatal à tout insectes et autres asticots qui voudraient le boulotter dans son sommeil eternel. Aprés mille autres jours de ce régime on enfermait le moine dans sa tombe avec une cloche et un tube pour qu’il puisse respirer. Chaque jour, le moine doit sonner sa cloche afin que ses disciples sachent qu’il est encore en vie. Quand la cloche arrête de sonner, la tombe est scellée. On la réouvirira 1000 jours plus tard pour vérifier que la momification a été un succés. Si oui, le moine atteint le statut de bouddha et est exposé dans le temple, si non il gagne le respect éternel des moines mais n’est pas considéré d’essence divine.
La pratique était un moyen d’éprouver le corps du moine et ainsi de démontrer son détachement total au monde physique.
Il existe 24 mommies de shokushinbutsu au japon, principalement aux alentours de Yamagata. Cette page de daruma forum offre plus de détails sur l’histoire, les raisons et les points techniques du procédé.

L’Ouroboros existe. L’éternité dans le creux de la main

22 février 2008, posté par Yves

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Ouroboros Cordylus Cataphractus, photo: droits réservés

Ça va pas faire plaisir aux poètes philosophes: l’Ouroboros (du grec οὐροβóρος « qui se mord la queue »), serpent-dragon imaginaire très ancien que l’on retrouve dans plusieurs cultures un peu partout, n’est en fait pas une bête mythologique mais bien un petit lézard-tatou au nom scientifique de Cordylus Cataphractus vivant dans les buissons d’Afrique du Sud, et il ne se mord pas la queue pour symboliser l’éternel recommencement des choses ou quoi que ce soit du genre, mais bien pour protéger son ventre, plus mou et donc plus vulnérable, de ses prédateurs. Comme ça c’est clair.

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Encore des Ouroboros Cordylus Cataphractus, photo: droits réservés

Le café du péché

15 février 2008, posté par Yves

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Starbucks en arabe © Jason Cartwright

Le Times nous raconte l’histoire de Yara, 37 ans mariée et mère de 3 enfants, qui va dans un Starbucks à Riyadh, en Arabie Saoudite. Yara est citoyenne américaine d’origine jordanienne, et vit à Jeddah depuis huit ans avec son mari. Elle porte l’abaya et le le foulard comme la plupart des femmes d’Arabie Saoudite.

A cause d’une coupure d’électricité, elle décide avec ses collègues d’aller au Starbucks du coin pour utiliser leur connection Internet. Mais ses collègues sont des hommes, alors pour être assis ensemble, ils s’installent dans la partie « famille », qui est le seul endroit mixte du café.

Sur ce, débarquent les gars de la « muttawa », Département de la Promotion de la Vertu et de la Prévention du Vice, la police religieuse qui a interdit la poupée Barbie en Arabie Saoudite entre autres. Ils lui expliquent que ce qu’elle fait est un grand péché, lui confisquent son téléphone portable, et l’embarquent en taxi à la prison de Malaz. Là, elle raconte avoir été déshabillée, fouillée, humiliée, et forcée de signer des confessions de son crime. Puis, elle passe devant un juge qui lui dit qu’elle a péché et qu’elle brûlera en enfer.

Finalement, son mari organise sa libération grâce à ses contacts haut placés, et Yara repense aux femmes qu’elle a rencontrées dans cette prison et qui n’avaient pas ces connexions. Elle a décidé de rester et de se battre contre le système plutôt que de « les laisser gagner » en rentrant aux Etats-Unis. Bonne chance.

Ré-créationnisme

11 février 2008, posté par Marc

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Le divin Monstre en Spaghetti Volant, créateur de toutes choses © T. King / CFSM, 2005

Comme nous le rappelait fort judicieusement notre ami Stahlhelm dans son cyberpapier de jeudi dernier, la bataille (plutôt ennuyeuse, avouons-le) entre évolutionnistes et créationnistes n’a pas fini de polluer la Toile. Le présent article n’a d’autre but que d’ajouter sa pierre savonneuse au monceau putride du chaos cosmique. Nous souhaiterions également accomplir un devoir de mémoire en rappelant deux noms fameux de la lutte anti-obscurantisme.

Tout d’abord, il est essentiel de citer l’un des auteurs les plus respectables des Lettres gauloises : François Cavanna. Dans un ouvrage-culte (c’est le cas de le dire) datant de 1982, Les Écritures — Les aventures de Dieu et du petit Jésus, cet auteur remarquable nous révélait sa version (très pertinente) de la création divine :

(…)

  1. Au commencement — enfin, presque — Dieu créa le ciel et la terre.
  2. La terre était informe et vide, les ténèbres couvraient la face de l’abîme et l’esprit de Dieu planait sur les eaux.
  3. Ce n’était pas une réussite.
  4. Dieu vit cela. Il se dit en Son cœur : « Beuark ! »
  5. Il aurait bien voulu que cette saleté n’eût jamais existé.
  6. Mais cela, Il ne le pouvait pas.
  7. Maintenant que ça avait existé une fois, Dieu pouvait, s’Il le voulait, revoyer tout ça au néant, mais Il ne pouvait pas faire que ça n’eût jamais existé.
  8. Cela, même Dieu ne le pouvait pas.
  9. Car personne ne peut supprimer le passé, pas même Dieu.
  10. Dieu vit alors qu’Il n’était plus tellement tout-puissant, mais qu’Il avait une fois créé.
  11. Dieu comprit mais un peu tard que l’idée de création est un piège à Dieux.
  12. S’Il avait su, Il serait resté tranquille.

(…)

Depuis, le comicréationisme a fait d’autres émules, les plus prophétiques d’entre eux étant les Pastafariens. En 2005, à l’époque où la polémique faisait rage à Dover, en Pennsylvanie (le service scolaire avait demandé aux professeurs de biologie d’enseigner le dessein intelligent), Bobby Henderson soumettait une lettre ouverte au Comité d’éducation du Kansas afin que celui-ci accorde, en classe de biologie, un temps d’enseignement du pastafarisme égal à ceux du dessein intelligent et de l’évolutionnisme. La sainte Église du Monstre en Spaghetti Volant était née, postulant :

Un être invisible et omniscient appelé le Monstre en Spaghetti Volant a créé l’univers en incluant une montagne, un arbre et un nabot, et ce en un seul jour (ce que les Pastafariens considèrent comme un avantage par rapport au christianisme).

Le pastafarisme — culte nécessaire — est toujours vivant, en témoigne son site officiel et, dans une moindre mesure, celui de la branche francophone. Il est donc conseillé de vous convertir à cette religion dans les plus brefs délais.

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Le poisson pirate, symbole de reconnaissance pastafarien © CFSM, 2008

Toutefois, si les affaires de transcendance vous fascinent autant, — voire moins — , que les coucheries présidentielles, nous vous invitons à découvrir quelques documents et documentaires produits par la chaîne de télévision étasunienne Nova, spécialisée dans la vulgarisation scientifique. Vous y retrouverez une synthèse d’arguments pour et contre le dessein intelligent ainsi qu’un témoignage du juge fédéral John Johnes, confirmant que l’enseignement du dessein intelligent dans les écoles publiques est anticonstitutionnel.

Ah, et pour ceux qui l’ignorent encore, c’est Brahmā qui est à l’origine de la Création (de l’Œuf de Brahmā, le Brahmāṇḍa), pas YHWH ! Il fallait bien que quelqu’un dise une fois pour toutes la vérité. Eh bien voilà, c’est fait.

L’évolution selon Henry Rollins

7 février 2008, posté par Stahlhelm

Henry Rollins

Henry Rollins rajoute son juste grain de sel dans la soupe primordiale fadasse mais dangereuse du débat entre évolutionnistes et créationnistes (respectivement: les gentils et les méchants). Ô jouissifs roulements de muscles. Wow.

Et l’épice de LiLeLa sur la cerise du gâteau à la crème rance du dessein intelligent se résume assez simplement aussi :

Liar

Merci Pharyngula.

Memento mori

6 février 2008, posté par Marc

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Au coin de la rue. Photo © Quelque part sur la Terre, 2007

En ces temps de jeunisme où il est de bon ton d’avoir la peau lisse, le sein haut et la fesse ferme, à une époque où l’hygiénisme stigmatise la bouffe, l’alcool et le tabac, où l’éternité se commercialise à travers des crèmes anti-âge et où la santé devient un capital à gérer comme une assurance-vie, la mort est l’apanage du pauvre, du tiers-mondiste, du gueux. En bref : mourir est une grave faute de goût.

Bien sûr, quelques Continentaux s’amusent à se faire peur en jouant à l’Irlandais : ils fardent leurs enfants comme des sorcières et fêtent Halloween en gaspillant des citrouilles qui auraient fait de bonnes soupes de Toussaint. Des marques de luxe telles que Dior et Fendi ont déclaré très chic d’affubler leurs chiffons de têtes de morts. Pour les moins fortunés d’entre-nous, — et pour les enfants —, H&M a trouvé très mignon de couvrir ses nippes de crânes du plus bel effet, tout roses et souriants…

En résumé, on prend la Mort pour une conne. D’abord parce qu’on croit pouvoir la contrer, mais aussi parce qu’on espère en jouer par quelques artifices commerciaux. La mort, on l’aura compris, est désormais l’objet de toutes les vénalités, qu’il s’agisse d’armes à rentabiliser ou de fringues à fourguer.

Au milieu de cette danse macabre au parfum mercantile, un site Internet rappelle, avec beaucoup d’élégance et de pertinence, que la mort est fondatrice de mouvements artistiques et de religions. Bref : qu’il ne faut ni la fuir ni la vendre, mais l’apprécier pour ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : une prodigieuse source de création et de motivation.

L’Encyclopédie sur la mort (La mort et la mort volontaire à travers les âges) vous offre d’excellentes études thématiques (histoire, philosophie, thanatologie, sciences des religions, etc.), vous présente les enjeux sociaux dont la mort est l’objet, vous parle de mort volontaire et avance de nombreuses statistiques à vous faire… chaud dans le dos.

Petite merveille de bon sens proposée en partenariat avec l’Encyclopédie de l’Agora (que nous ne pouvons que vous recommander), L’Encyclopédie sur la mort est l’œuvre d’esprits éclairés :

(…) L’Encyclopédie sur la mort veut s’intéresser à ce phénomène sous ses multiples aspects et ses diverses modalités. Elle est curieuse de la pensée de la mort qui a habité et hante encore tant d’écrivains, de poètes, d’artistes, de savants, de philosophes et de sages. Elle veut rendre compte des résultats des recherches sur la mort ainsi que de la mentalité générale des populations à l’égard de la mort. Elle s’approchera de la mort avec pudeur et discrétion, consciente du mystère qui l’enveloppe et de la crainte qu’elle inspire. (…)

(Extrait de la Présentation générale de l’Encyclopédie par Éric Volant)

Poésie rurale sicilienne

10 décembre 2007, posté par Stahlhelm

Palermo
Photo © 400 asa, 2007

On le sait bientôt tous, LiLeLa est le refuge de bien des poètes dont l’âme est perdue dans les limbes infinies du putride Internet, ce démon qui nous possède tous. Si, si.

On osera donc aujourd’hui vous proposer un extrait-fleuron de la culture sicilienne, berceau de maintes civilisations et de nuits passées sous les mamelles réconfortantes de la pleine lune d’été.

Un grand moment de poésie, je vous le dit haut et fort. Allez ! Tous en cœur : « Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah! »

Merci Fran.

La Cène en 16 milliards de pixels (dans ta face)

31 octobre 2007, posté par Yves

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Détail de la Cène de Léonard de Vinci

Tu te rappelles la dernière fois quand on t’a parlé de la Cène et que ça t’a rappelé les aventures de Jean Reno? Bon ben maintenant fini les rigolades, on se penche sur la vraie Cène, celle peinte par Léonard sur le mur du couvent de Santa Maria delle Grazie de 1494 à 1498. On se penche tellement, qu’on y voit des détails qu’on avait jamais vu, même si on a fait partie des 350 000 visiteurs qui viennent la voir chaque année.

16 milliards de pixels, c’est 1600 fois plus précis que ton appareil photo digital à 10 mégapixels dont tu es si fier, et c’est la résolution que nous offre HAL9000 sur Haltadefinizione.com. Et ça permet aussi de zoomer sans culpabiliser en se demandant si on contribue à la destruction de l’œuvre juste en étant là. Tout comme Lascaux qui a finalement été fermé au public, il semblerait que les techniques avant-gardistes utilisées par Léonard pour cette fresque la rendent encore plus fragile et que les visiteurs en accélèreraient sa disparition.

Moi, je veux juste savoir si oui ou non la Joconde avait des sourcils

Dieu vs. McDonald’s

17 octobre 2007, posté par Yves

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Combien des 10 commandements pouvez-vous citer de tête? A l’occasion de la sortie du film « Les dix commandements », une étude a été réalisée aux US et contrairement aux idées reçues comme quoi tous les Américains sont à fond dans le McDo et la religion, en fait il semblerait que c’est la culture du fast food qui gagne à la fin.

80% des 1 000 personnes interrogées ont pu citer les ingrédients du Big Mac, contre moins de 60% qui se souvenaient du commandement « Tu ne tueras point ». Moins de la moitié, 45%, se rappelèrent du commandement « Tu honoreras ton père et ta mère », mais 62% savent que le Big Mac contient des cornichons.

Bon, mais c’est facile de se moquer et de comparer deux choses pas vraiment comparables, alors on en revient à ma question du début: combien de commandements tu te rappelles, toi? La liste juste après le clic.

(suite…)

La religion, dangereuse pour la santé ?

28 août 2007, posté par Stahlhelm

Religion
Photo © stephanieontour, 2007

A vous d’en juger en visionnant ce vrai documentaire sur la vie palpitante du missionnaire-colporteur lambda et l’amour sans limite qu’il investit dans sa tâche. Il ressort de cette œuvre majeure des studios ExFilms que la qualité première de tout bon missionnaire, mises à part une santé de fer et la rage de vaincre, est d’avoir une vessie à gros débit pour bien pouvoir marquer son territoire.

The Missionary Position

Sinon, pour ceux qui aiment les céphalopodes, la controverse et les opinions acérées sur l’Intelligent Design (Dessein intelligent), je ne peux que vous recommander l’excellentissime blogue scientifique Pharyngula.


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