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« sciences »

Moteur logorrhéique

13 mars 2008, posté par Marc

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Image © Princeton University, 2006

Imaginez : vous êtes ingénieur informaticien et chercheur. Vous devez pondre des articles (en anglais) sur votre discipline favorite. Mais vous n’avez ni le temps ni l’envie de vous y mettre. Réjouissez-vous ! Il existe désormais un Générateur d’articles en sciences de l’informatique (Automatic CS Paper Generator). Vous avez aussi la possibilité d’ajouter des noms d’autres chercheurs (fictifs ou réels, peu importe), lequels figureront dans les notes et dans le contenu du papier. Rien ne manque : graphiques, argumentaires, notes de bas de page. Le bonheur des paresseux… qui n’ont pas froid aux mirettes.

Merci Inky Circus

Joyeux anniversaire Sputnik

5 octobre 2007, posté par Yves

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Photo © Mark Thiessen

Il y a juste 50 ans aujourd’hui, l’Union Soviétique envoyait leur Sputnik dans l’espace, et celui-ci devenait le premier satellite d’origine humaine à tourner autour de la Terre. L’année suivante, les US créèrent la NASA et la course a l’espace commençait…

Le site de National Geographic a une galerie de jolies photos pour commémorer l’évènement.

Fabriquez votre propre bombe H

18 septembre 2007, posté par Marc

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La bombe H Castle Bravo sur l’atoll de Bikini. Photo © United States Fed. Govt., 1954

Dans la catégorie étasunienne des bad ideas (des « mauvaises idées », donc) se place, en première position, celle de la fabrication domestique d’une bombe à hydrogène. On se souvient des effets peu ragoûtants que la démentielle Castle Bravo avait eus sur l’atoll de Bikini. L’un des pères fondateurs de la fameuse bombe H, le sanscritologue Robert Oppenheimer, avait même refusé de développer un tel engin, et ce contre l’avis du président étasunien de l’époque, Harry Truman. En effet, le physicien considérait qu’une telle abomination n’était qu’un instrument de génocide. Les indigènes de l’atoll partagent sans doute cet avis, eux qui ont été condamnés à l’exil par une bande de joyeux Yankees peu scrupuleux.

Eh bien désormais, si vous souhaitez construire votre propre bombe H tous seuls comme des grands, c’est possible. À la maison, comme ça. Bon, ça demande un peu de boulot, et une bonne dose de patience et quelques économies de côté. Mais, en persévérant, qui sait, vous aussi vous pourrez condamner vos voisins à la désintégration voire, dans le meilleur des cas, à l’exil perpétuel.

L’un des sites anglophones les plus rafraîchissants en matière d’esprit critique (il aborde des thèmes aussi croustillants que l’anarchie, le piratage informatique, la religion chrétienne et autres bombes H discursives) a publié sur le Net un mode d’emploi permettant de construire sa propre bombe à hydrogène. But d’un tel bricolage ? Se faire de la thune, ou décourager d’éventuels témoins de Jéhovah qui pourraient vous empêcher de fêter l’anniversaire de votre fils qui viendrait de se faire transfuser. Bref, plein de bonnes raisons. Mais sachez, comme le précise le site totse.com, auteur de cette marche à suivre, que le marché est déjà entre les mains de puissants gouvernements ; il sera donc difficile de mettre sur pied une petite entreprise familiale spécialisée dans l’éradication massive. Cela dit, vous faites quoi le week-end prochain ?

Cuir et cuivre d’origine

14 septembre 2007, posté par Marc

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Photo © Steve Erenberg, 2007

L’une des déviances esthétiques les plus fréquentes parmi les rédacteurs de votre site d’info favori est celle du steampunk. Ce goût ― quasi malsain ― pour la littérature qui sent bon la graisse, le cuivre, les boulons, le cuir et le papier de chiffon, cette tendance dis-je, nous permet de faire de jolis rêves en forme d’usines à gaz.

Au-delà des artistes d’obédience steampunk (qui révèlent leurs fantasmes conjugués au futur antérieur), il existe bon nombre d’amateurs de vraie technologie ancienne, des amoureux du cuir patiné in vivo, du métal brossé par le temps et la patience des antiquaires aux doigts parcheminés (et parfois crochus).

L’un de ces collectionneurs d’anciennetés a ouvert un site où il expose ses trouvailles (ainsi que des créations personnelles, selon toute vraisemblance). À l’instar des artefacts steampunk, ces objets éveillent en nous quelques frissons issus de nos souvenirs d’enfance : visites chez le dentiste, découverte des bocaux de formol du musée d’histoire naturelle, visite des abattoirs cantonaux, et j’en passe, et des meilleurs.

En effet, Steve Erenberg (alias Radio-Guy), sur son site pas si mal foutu, nous présente à la fois des jouets d’autrefois, de vieilles radios et… des instruments de médecine à vous paralyser les sphincters. Parcourez les pages de Radio-Guy au réveil, pas avant de vous en aller rejoindre la couette de vos cauchemars favoris. Conseil d’ami.

L’Angleterre autorise l’hybridation entre humains et animaux

7 septembre 2007, posté par Marc

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Marlon Brando dans The Island of Dr. Moreau © New Line Cinema, 1996

En Grande-Bretagne, l’Organisme de contrôle de la fertilisation humaine et de l’embryologie (Human Fertilisation and Embryology Authority = HFEA) a approuvé la création d’embryons hybrides humains-animaux à des fins scientifiques.

Dans un article publié avant-hier, BBC News a en effet annoncé que le HFEA souhaiterait favoriser, entre autres, la recherche de traitements pour la maladie d’Alzheimer.

Cette nouvelle, qui n’est pas sans rappeler L’île du docteur Moreau, a de quoi hérisser légèrement les poils du nez, des oreilles et du dos, pour ceux qui ont la chance d’en posséder. Des scientifiques britanniques souhaiteraient ainsi mêler des cellules humaines à des cousines animales afin d’en extraire des cellules souches. Les embryons qui en seront issus devront être détruits dans un délai de deux semaines…

Pour l’heure, les chercheurs doivent se rabattre sur des œufs humains laissés de côté lors des traitements liés à l’infertilité (p. ex. FIV), mais l’offre n’est pas suffisante, sans compter que la « qualité » n’est pas toujours au rendez-vous.

Deux équipes du King’s College de Londres et de l’Université de Newcastle ont déjà sollicité le HFEA afin qu’il les autorise à procéder à des hybridations. Le Prof. Lyle Armstrong, de la fac de Newcastle, a déclaré : « C’est une excellente nouvelle. Son impact ne sera pas seulement bénéfique pour notre travail, mais aussi de manière générale pour l’avancée de la recherche britannique ; nous espérons qu’elle mènera à de nouvelles techniques qui serviront tout un chacun. » Il a ajouté : « Cela peut paraître odieux de prime abord, mais vous devez comprendre que nous n’utilisons que très très peu d’informations issues d’une vache pour mettre en pratique cette idée de reprogrammation. »

La société britannique devra désormais faire face à un réel questionnement éthique. Bien entendu, l’hybridation humains-animaux connaît bien des détracteurs, mais l’opinion publique est pour l’heure divisée. Gageons que les scientifiques de Sa Majesté auront la vigilance de ne pas concrétiser nos pires cauchemars…

Pour plus d’informations (en anglais) sur ce sujet : Comment on Reproductive Ethics.

Merci BBC News

La vie avant et de l’intérieur

5 septembre 2007, posté par Marc

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Image © National Geographic Channel, 2006

J’avais manqué l’info, mais en surfant au hasard de la Toile, je suis tombé sur un article du Daily Mail datant de novembre passé qui annonçait un documentaire sur les fœtus d’animaux.

À l’aide d’échographies tridimensionnelles, d’imagerie numérique et de minuscules caméras, une équipe de production menée par Yavar Abbas et le Dr David Barlow a réalisé un film présentant des animaux tels qu’ils apparaissent dans le ventre de leurs mères en gestation.

Les techniques utilisées comprennent également la sculpture et des effets spéciaux hautement réalistes qui permettent de se faire une idée précise de l’apparence d’un éléphanteau (lequel met presque deux ans avant de pointer le bout de sa trompe) alors qu’il barbote encore dans le liquide amniotique, et qui révèlent quelques vestiges de l’évolution. Par exemple, on découvre qu’à 24 jours, un dauphin présente des ébauches de jambes qui disparaissent deux semaines plus tard. Le montage de ce documentaire du National Geographic Channel montre notamment à quel point les mammifères partagent des caractéristiques communes avant de naître.

Si votre curiosité vous démange, voici un petit making-of de ce travail scientifico-artistique :

En mourant, on se fait des copains

30 août 2007, posté par Marc

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Chrysomya albiceps. Photo © Medizinische Universität Wien, 2002

Il existe pas mal de techniques pour déterminer le moment où un être humain est passé de l’état de consommateur à celui de macchab. On peut par exemple utiliser la température du corps, laquelle met bien huit à douze heures pour rejoindre celle du climat ambiant (dans les pays tempérés, cela va sans dire, car dans les contrées hospitalières où il fait déjà 37.2°C le matin, une telle égalisation est bien plus rapide).

On peut aussi se baser sur la rigidité cadavérique qui commence par la nuque avant de se répandre dans le corps entier — un corps mettant huit à douze heures pour se transformer en bout de bois (qui, peu après, se ramollit à nouveau sous l’effet de la décomposition).

Il existe encore les lividités cadavériques, à savoir les taches violacées que la peau acquiert sous l’effet du déplacement passif de la masse sanguine dans les coins et recoins de la dépouille…

En fait, le nec plus ultra de la datation d’un passage de vie à trépas, la manière la plus élégante de connaître l’heure d’un rendez-vous avec la Mort demeure l’entomologie médico-légale (en anglais : forensic entomology). Dans les séries télévisées qui nous empêchent de nous coucher avant minuit, cette étape des enquêtes criminelles est souvent passée sous silence. Et pour cause : il ne faudrait pas, précisément, nous empêcher de dormir une fois le poste de télévision éteint.

Cela dit, cette discipline de la police scientifique s’avère sans doute l’une des plus intéressantes. Grosso modo, comment cela marche-t-il ? Une fois la victime découverte, les enquêteurs prélèvent la « faune » se promenant sur le corps et alentour. En fait, pas seulement les bestioles vivantes, mais aussi celles qui, à leur tour, ont passé l’arme à gauche. L’emplacement, le moment et les conditions de prélèvement sont des informations primordiales.

Les petites bêtes qui courent sur leur repas de famille sont dès lors conservées dans de l’alcool (ce qui est l’une des manières les plus nobles de mourir, non ?) ou sont gentiment élevées en couveuse, histoire d’obtenir les mêmes conditions d’humidité et de température que celles dans lesquelles on les a trouvées.

Les stades larvaires, la durée d’incubation des œufs et le moment d’arrivée sur la dépouille sont des éléments qui permettent de retrouver, par croisements statistiques, le délai qui sépare la découverte du corps du moment où son propriétaire s’est absenté d’icelui.

Si je vous décris toutes ces joyeusetés, ce n’est pas que je broie du noir — il y a longtemps que les attentats quotidiens en Irak m’ont insensibilisé —, mais simplement parce qu’un Helvète pas piqué des hannetons (lui !) maintient un site qui ne brille certes pas par son graphisme, mais par son contenu. Claude Wyss (éminent pipomane au demeurant) y présente l’ouvrage qu’il a publié avec Daniel Cherix ainsi que l’expérience acquise durant les dix-sept années où il a assumé, au sein de la police vaudoise, le poste d’inspecteur en charge de la levée des corps. Bref, une riche source d’informations qui ravira tant les amateurs de polars (lecteurs et/ou écrivains) que les amoureux de la vie… sous toutes ses formes.

Le site de Claude Wyss, c’est ici.

Vos seins, gardez-les

29 août 2007, posté par Marc

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Photo © Michele Taras, 2006

Le trastuzumab est une molécule fabriquée par le groupe pharmaceutique suisse Hoffmann-La Roche et commercialisée sous le nom de Herceptine. Ce médicament est utilisé dans le traitement du cancer du sein et l’année passée, il a été l’objet de puissantes campagnes publicitaires vantant les mérites de ce « produit miracle ».

Un article du New England Journal of Medicine affirmait, en octobre 2005, que l’association de l’anticorps monoconal pertuzumab (utilisé également dans le traitement des cancers de la prostate et des ovaires) et de l’Herceptine augmentait les chances de survie des patientes atteintes d’un cancer du sein. Un article du groupe bâlois, datant du 4 juin 2007, confirme cette observation.

Une lueur d’espoir ?

Merci Inky Circus

Le culte de l’ordinateur

28 août 2007, posté par Marc

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MareNostrum, superordinateur catalan. Photo : droits réservés

Les grosses mécaniques me fascineront toujours. Plus les machines sont imposantes, pleines de rouages, et qu’elles occupent des espaces délirants, plus mes petites mirettes fanées retrouvent leur fraîcheur d’antan, leur aspect juvénile et innocent. La première fois que j’ai contemplé (et entendu) une rotative en plein travail, crachant des journaux comme une reine abeille pondant des œufs, ma fibre steampunk a aussitôt vibré en écho à l’appel de cette bête d’acier et de graisse.

Alors quel ne fut pas mon émerveillement lorsque j’ai découvert — bien tard, je l’avoue, et par un enfant de chœur — ce cher MareNostrum…

MareNostrum est le plus puissant superordinateur d’Europe et le neuvième à l’échelon mondial. Cet océan informatique, ce magnifique monstre marin (qui rappelle, en taille, les ordinateurs de nos grands-pères) est composé de 10240 processeurs cadencés à 2.3 gigahertz.

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Le plan général du MareNostrum. Image © BSC, 2006

Le plus émouvant, dans cette histoire, c’est l’antre qui renferme ce titan calculatoire. Ce superordinateur, qui appartient au Réseau espagnol de calcul intensif (Red Española de Supercomputación) se situe au sein de l’Université polytechnique de Catalogne (Universitat Politècnica de Catalunya) et, plus précisément, dans la magnifique chapelle Torre Girona dont les offices servent désormais… la Science.

Afin de poursuivre votre parcours contemplatif, je vous invite à visiter le site officiel du Centro Nacional de Supercomputación. Faites de beaux rêves.

La décorporation : une question de point de vue

25 août 2007, posté par Marc

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Illustration de William Blake pour un poème de Robert Blair. Image © fileane.com

C’est bien connu : lors d’expériences de mort imminente (EMI = anglais NDE = Near Death Experience), les individus sur le point de passer de vie à trépas semblent contempler un instant leur propre corps depuis l’extérieur de celui-ci. Ceux qui ont lu Les Thanatonautes de Bernard Werber (qu’on aime ou qu’on n’aime pas — là n’est pas la question) verront de quoi je parle.

Des scientifiques de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et du University College London (UCL) ont mis au point une technique de décorporation artificielle qu’on aurait presque envie de tenter dans son salon (et particulièrement durant une soirée arrosée).

Les chercheurs suisses ont demandé à des volontaires de se tenir devant une caméra de sorte qu’on les filme depuis derrière. Les cobayes portaient des lunettes-écrans affichant l’image de leur dos en trois dimensions. Quand les scientifiques touchaient avec un stylo le dos des volontaires, ceux-ci voyaient face à eux, au même moment, l’image de leur propre dos et du stylo.

Les volontaires ont expliqué par la suite qu’ils avaient eu l’impression que la sensation de toucher ressentie provenait de leur dos virtuel (tel qu’affiché par les lunettes) plutôt que de leur dos réel.

Dans une autre partie de l’expérience, le dos d’un mannequin était filmé au lieu du leur ; quand le mannequin était touché, ils avaient toujours l’impression que le corps du mannequin (projeté virtuellement face à eux) était le leur.

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Schéma de l’expérience de l’EPFL © Science Journal, 2007

Plus drôle encore : les chercheurs ont éteint les lunettes de réalité virtuelle et ont demandé aux cobayes de faire quelques pas en arrière puis de revenir à leur position initiale. Les volontaires ont aussitôt tenté de revenir non pas à leur position réelle, mais à celle, présumée, de leur corps virtuel.

Selon l’EPFL et l’UCL, la décorporation des EMI aurait une explication neurologique. Les EMI provoqueraient une déconnexion entre les zones du cerveau responsables de la vision et du toucher.

Nous aurions donc le sentiment d’exister là où se trouvent nos yeux. Cela dit, quand je regarde Keanu Reeves jouer dans The Matrix, j’ai durant tout le film l’impression de… me contempler moi-même.

Merci American Academy of Arts and Sciences


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