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« géopolitique »

Rions de notre incultitude

21 septembre 2007, posté par Yves

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Metro Maps of the World © Mark Ovenden (agrandir)

Bon, des fois on se moque. Des américains, de leur président, des autres en général… C’est pas vraiment gentil, et pas complètement honnête non plus. C’est pour ça que Rethinking Schools a mis en ligne Map Game, un petit jeu tout bête où il faut replacer des noms de pays sur une carte vierge. Une bonne manière de se remettre aussi les idées en place par la même occasion. A jouer seul et sans témoins.

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Pendant ce temps-là, il y en a encore qui croient que la Terre est plate, avec un mur de glace tout autour pour empêcher l’eau de s’écouler…

Nelson Mandela mort (assassiné)

21 septembre 2007, posté par Yves

Oui, c’est un scoop. Et c’est Saddam Hussein qui l’a tuer. Ce qu’on ne sait pas, c’est si George W. Bush parle de sa dernière partie de Cluedo ou s’il fait des allégories encore plus foireuses que les miennes…

Merci Say No to Crack

13

14 septembre 2007, posté par Stahlhelm

Porte sanglante

Les uns pensent que le chiffre 13 porte chance. Les autres, au contraire, lui attribuent les pires choses. D’autres encore ne pensent pas du tout. Et partent à la guerre comme on va pisser derrière la Coupole une fois les concerts terminés et les portes closes : juste pour satisfaire une maligne envie qu’on ne saura jamais justifier.

Parmi ceux qui ne pensent pas, on retrouve notamment les soldats qui se sont engagés pour leur Vaterland, espérant un jour pouvoir en porter la gloire sur leurs larges épaules de chair à canon. Certains sont revenus sains et saufs, d’autres morts.

Les 13 soldats qui nous intéressent aujourd’hui sont revenus un peu plus légers qu’à leur départ. Un peu comme s’ils étaient les enfants incestueux de l’ironie du sort et de l’inconscience mal calculée :

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Retrouvez nos croisés modernes et leurs 10 compagnons d’infortune ici.

Merci Hugo Strikes Back!.

Tout est relatif (sauf les absolus)

21 août 2007, posté par Yves

Prenez des chiffres, n’importe lesquels, et mettez les en parallèle. Forcément vous pourrez en tirer des conclusions.

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Dépenses militaires par pays, en fonction du PNB.

Suivant votre penchant et le but de votre message, vous pourrez les faire parler comme ça vous arrange le mieux, et leur faire dire les vérités les plus éloquentes.

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Dépenses militaires par pays, par habitant.

Et puis après il y a les faits bruts. Et même sans être un vrai pacifiste hippie, ces chiffres là, ils donnent quand même envie de dire « faites l’amour, pas la guerre »…

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Dépenses militaires par pays, en absolus.

Via: nationmaster.com, source: The CIA World Factbook

L’Afghanistan et le Pakistan avec des gens (qui sourient)

15 août 2007, posté par Yves

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Photo © Steve Taylor

On en a tellement parlé, que des fois on en oublie qu’il y a des vrais gens qui y vivent pour de vrai. Stephen Taylor, prof de de maths en Pennsylvanie, avait été faire un tour en Afghanistan et au Pakistan à l’époque où l’on portait les cheveux plus longs et c’était cool d’avoir des rouflaquettes, et il avait pris plein de photos qu’il a ensuite publié sur sa homepage. Parce que parfois on a assez vu de lapins et de vibromasseurs, et on aimerait bien aller voir comment ça se passe dans le reste du monde pour mieux comprendre pourquoi il y a la guerre… (Ça doit être les rouflaquettes qui me font devenir tout flower power)

Se méfier, toujours se méfier

30 juillet 2007, posté par Marc

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Yigal Carmon à Bruxelles en février 2005. Photo (détail) © EPP-ED Group

Dans son article du 26 juillet, Corbor nous révélait l’existence d’une nouvelle — et inquiétante — émission palestinienne destinée aux enfants. Après le pseudo-Mickey du nom de Farfour, une pseudo-Maya-l’abeille dénommée Nahoul débarque sur la télévision du Hamas. Je ne cache pas mon souci face à cette terrible propagande, mais je pense judicieux de parler un petit peu de l’organisme qui en a diffusé la traduction sur la Toile : MEMRI TV.

MEMRI (ou plutôt ממר »י) est l’acronyme de « Middle East Media Research Institute ». En français : Institut de recherche des médias du Moyen-Orient (en hébreu : המכון לחקר התקשורת המזרח התיכון). Les objectifs de MEMRI TV sont d’apporter des éléments d’information sur la politique étasunienne aux Proche- et Moyen-Orient et, surtout, de surveiller les chaînes de télévision arabes et iraniennes et d’en dresser le portrait pour les médias occidentaux.

Le document présentant l’abeille Nahoul correspond précisément aux productions de MEMRI, à savoir des extraits d’émissions arabes ou iraniennes sous-titrée en anglais.

Loin de moi l’envie de juger le bien-fondé des programmes de MEMRI TV. On voit de tout dans les cyberguerres, le pire comme le meilleur. Je vais néanmoins vous présenter en quelques lignes l’origine de cette institution qui ne rend jamais compte de ce que diffusent… les télévisions israéliennes.

MEMRI TV existe depuis presque dix ans. Son siège est à Washington et son financement provient de dons privés. Il a pour fondateurs M. Yigal Carmon (יגאל כרמון) et Mme Meyrav Wurmser (מירב וורמסר).

Yigal Carmon est un un ancien colonel des Services secrets israéliens (מוסד), au sein desquels il a travaillé durant 22 ans. Il a également œuvré en tant que conseiller pour la lutte contre le terrorisme auprès de deux premiers ministres israéliens, Yitzhak Shamir et Yitzhak Rabin.

Meyrav Wurmser est une intellectuelle conservatrice membre du tout aussi conservateur Hudson Institute (un de ces fameux think tanks) et épouse de David Wurmser, conseiller de Dick Cheney pour les questions relatives au Moyen-Orient. Après un doctorat en sciences politiques, elle a enseigné à la Johns Hopkins University ainsi que dans l’Académie navale étasunienne.

Il y a fort à parier que les choix de diffusion du MEMRI ne soient pas impartiaux. En janvier 2003, une controverse a vu le jour entre Yigal Carmon et un journaliste anglais travaillant pour The Guardian : Brian Whitaker. Précisons en passant que M. Whitaker bénéficie d’un diplôme de langue arabe de l’Université de Westminster et qu’il a été responsable de la rubrique Moyen-Orient de son journal de 2000 à 2007.

M. Whitaker considère que MEMRI n’est qu’un outil de propagande, alors que ce dernier se définit comme un institut de recherche. Selon le journaliste, cela implique passablement de mauvaise foi. Il accuse notamment le MEMRI de traduire des sujets particuliers à des fins politiques tout en dressant un portrait incomplet et inéquitable des médias arabes. Il accuse enfin l’institution privée de traduire improprement le contenu des émissions qu’il rediffuse. Vous l’aurez compris, M. Whitaker doute du crédit que l’on peut accorder au MEMRI en tant que miroir des médias arabes.

À vous maintenant de vous faire une opinion en lisant (en anglais) le débat par courriels interposés entre MM. Carmon et Whitaker sur le site du Guardian.

Morale de l’histoire : méfions-nous du MEMRI, méfions-nous des médias, méfions-nous d’Internet, méfions-nous de Wikipédia, méfions-nous. Hélas.

Soyons intellos (même sur le Net)

12 juillet 2007, posté par Yves

© Arte

Vous vous rappelez quand on appelait Internet « L’autoroute de l’information »? On disait ça parce que les premiers utilisateurs non-militaires du machin, c’était les universitaires, qui s’envoyaient des emails pour se poser des questions d’universitaires, et consultaient les bibliothèques universitaires à la recherche d’informations universitaires, sur des écrans orange et noir, dans des labos où tout le monde pouvait avoir accès à un terminal tant la demande était minime.

Une petite quinzaine d’années plus tard: Paris Hilton nue, Jessica Alba nue, Scarlett Johansson nue, Lost, Prison Break et Heroes en haute définition, le tout à la vitesse de dizaines de milliers de connexions simultanées. Mais ne vous méprenez pas, ça n’a que très peu changé finalement: ce sont les mêmes universitaires, mais ceux-ci ont maintenant le haut-débit, les images en couleurs, et des centaines de millions de copains avec qui communiquer. Alors forcement c’est la récré!

Internet c’est la revanche des nerds, et certains parlent même de « longue queue » (Long Tail en version originale) pour décrire ce phénomène qui caractérise le nombre inversement proportionnel des offres et des demandes correspondantes. Revenons à ces élites intellectuelles de la première heure, et leur envie insatiable de se cultiver. Qu’en reste-t-il aujourd’hui dans la jungle pop du web? Les gros sites de contenu ressemblent à des radio FM passant la même soupe en boucle du matin au soir, et ce n’est clairement pas dans cette masse qu’on trouvera de quoi se mettre sous la dent quelque chose qui croustille. Non, c’est justement dans cette longue traine qu’il faudra chercher, et c’est dans les offres plus réduites mais plus nombreuses, destinées à des publics plus restreints — mais dont la somme cumulée depasse la majorité — qu’on trouvera son bonheur.

Prenons des sites grand public et creusons un peu. Quand on ne s’attarde pas sur les trucs rigolos de la première page, les communautés de vidéos Youtube ou Dailymotion par exemple regorgent de petites perles qu’on ne pensait pas être aussi facilement disponibles. Certes, ce ne sont pas les vidéos les plus populaires, mais il suffit qu’une seule personne ait les mêmes goûts que vous pour que vous puissiez en profiter. Une émission pas trop obscure par exemple (mais quand même un peu parce que passant sur Arte, et pour illustrer mon propos), « Le dessous des cartes » parle de géopolitique et étudie un sujet sérieux, sur un ton sérieux, présenté par un monsieur pas très glamour. Normalement, l’audience d’un tel programme est réduite, et les opportunités de la voir ou la revoir le sont aussi. Mais le principe de la longue queue c’est que justement on trouve de plus en plus de choses qui satisfont les envies de peu de gens à la fois, et c’est comme ça qu’une émission à l’audience réduite arrive à toucher son audience de manière optimale justement. Plutôt que de forcément vouloir satisfaire le plus grand nombre à 20h30, on peut offrir plus de choix à tout le monde, à n’importe quelle heure, et chacun y trouve réellement son compte.

Alors forcément, il y en aura toujours qui choisiront Vidéo Gag, mais il y aura aussi toi, lecteur assoiffé de culture vulgarisée, qui as envie de mieux connaître le monde qui t’entoure, briller en société devant des jolies filles en talons hauts, et choisir le camps des cyniques plutôt que celui des moutons. Et parce que tout a un prix, y compris la culture, tu ignoreras tout ce que je viens d’écrire poussé par mon élan démocratico-anarchico-utopiste un peu trop optimiste, et tu iras acheter légalement tes émissions sur le site de vidéos à la demande d’Arte.

Pour se mettre en appétit, au dessus de ce post, un petit exercice de style démontrant pourquoi la Turquie devrait rentrer dans l’Europe, et tout de suite après dans la foulée, pourquoi la Turquie ne devrait pas rentrer dans l’Europe. C’est truculent et subtil.

Et pour ceux qui en veulent encore, un petit texte de vulgarisation à l’humour grinçant, sur la démocratie, découvert sur Arte lui aussi.

Élection

« Il faudrait que nous ayons un système électoral juste, s’exclama Archiprime, l’élève d’Archipi, c’est-à-dire qui reflète au mieux les choix des électeurs. »

« Hélas, gémit le professeur Archipi, cela est impossible. Le résultat du vote dépend du système utilisé.
Voyons cela pour une élection pour la présidence de l’Union Européenne où nous avons cinq candidats, par exemple François, Esperanza, Marcello, Ute et John, et admettons que leurs électeurs se répartissent selon six possibilités : ainsi 7,2 millions d’électeurs placent en premier choix François, en second Marcello, en troisième John, en quatrième Esperanza et, enfin, en cinquième choix, Ute. 4,8 millions d’électeurs placent au premier rang Ute, en deuxième rang John etc., comme sur le tableau.

Notre premier système électoral, continua Archipi, est une élection à un tour : chaque électeur vote pour son premier choix. François est élu avec 7,2 millions de voix.
« Ce n’est pas un système juste, s’exclama Archiprime, car 14, 8 millions de personnes lui préféraient un autre candidat. François est élu par moins d’un tiers des votants.
« Alors, examinons le système électoral français actuel, continua Archipi, où François et Ute sont les deux candidats qui ont eu le plus de voix au premier tour. Alors les électeurs des quatre autres groupes votent, au second tour selon leur ordre de choix.

Comme les électeurs des quatre derniers groupes préfèrent Ute à François, la candidate allemande est élue avec l’écrasante majorité de 14,8 millions d’électeurs contre 7,2 pour le candidat français.
« Quel que soit le système électoral, avança Archiprime, le résultat sera toujours un de ces deux candidats, François ou Ute. Ce n’est pas si injuste »

Que nenni, lui répondit le professeur Archipi ! Prenons un système à plusieurs tours où, à chaque tour, on élimine le candidat qui a le moins de voix. Ce système correspond au dicton selon lequel les électeurs éliminent plus qu’ils ne choisissent. Au premier tour, John, qui n’obtient que 2, 4 millions de voix, est éliminé.
Au second tour, 1,6 million des voix de John se reportent sur Ute, leur second choix, et 0,8 million sur Esperanza. Aussi, Marcello est éliminé au second tour.
Les votes se reportent au tour suivant sur Esperanza, ce qui entraîne l’élimination de Ute.
Comme les électeurs de Ute préfèrent Esperanza à François, c’est la candidate espagnole qui est élue, avec 14,8 millions de voix.

« Et si nous utilisons le système du mathématicien Borda, demanda Archiprime, où chaque électeur attribue 5 points au premier choix, 4 au deuxième choix, 3 au troisième, etc.? Avec ce système à un tour, qui serait élu ?
 » Faisons les comptes, répondit Archipi.
Le vainqueur est le candidat italien, qui obtient, en suivant les colonnes de gauche à droite, 76,4 millions de points.
(7,2 x 4) + (4,8 x 3) + (4 x 2) + (3,6 x 5) + (1,6 x 3) + (0,8 x 3) = 76,4 millions.
« C’est exact, j’ai fait les comptes pour les autres qui obtiennent moins de points. J’hallucine, s’écria Archiprime.
(Totaux pour les autres : 75,6 millions pour John; 64,8 millions pour Esperanza; 62,4 millions pour Ute; 50,8 millions pour François)

« Le seul candidat qui n’ait pas gagné avec un des quatre systèmes électoraux que nous venons d’examiner est John, le candidat anglais : nous allons le faire gagner avec un dernier système, le système de Condorcet. Dans celui-ci, nous opposons chaque candidat à tous les autres, et nous comptons celui qui a le plus de victoires.
John gagne contre Ute : elle obtient 7,2 + 3,6 + 1,6 + 0,8, soit 13,2 millions de voix, alors que Ute n’obtient que 4,8 + 4, soit 8,8 millions de voix. Et il gagne également contre tous ses autres opposants. Tu pourras le vérifier, Archiprime.

« Avec ces cinq systèmes électoraux qui semblent également justes, nous avons cinq résultats différents, continua Archipi. Ceux qui choisissent le système électoral déterminent l’heureux gagnant. C’est sur des considérations de cet ordre que Kenneth Arrow, prix Nobel d’économie en 1972, prouva qu’il n’y avait pas de système électoral qui soit juste. La démocratie parfaite est un rêve impossible. »

© Arte G.E.I.E
(Une version illustrée est disponible .)

5000 ans au centre du Monde

10 juillet 2007, posté par Yves

Mapsofwar fait des cartes animées bien foutues pour raconter l’Histoire en allant plus vite. Ça peut être dangereux, parce qu’on prend parfois trop de distance en regardant des guerres qui en réalité ont fait un poil plus de dégâts dans la vie de leurs contemporains que de juste changer une plage de pixels verts en une autre de pixels roses, mais ce recul permet aussi d’avoir une meilleure perspective et donc mieux comprendre, ou du moins mieux apprécier, les évènements. Et comme disait je ne sais plus qui (et je vous engage vivement à me ridiculiser dans les commentaires), celui qui ignore l’Histoire se condamne à la revivre, et c’est toujours intéressant de voir que les choses n’arrivent pas forcément pour la première fois, ni qu’elles sont immuables, par exemple.

Cette carte-ci est d’actualité. Et pour cause: elle l’a été depuis 5000 ans sans interruption. C’est la partie du monde qui génère le plus d’échauffements, et qui semble constamment changer de mains, sans arrêt depuis les Égyptiens. La vraie question ce n’est pas « qui a », mais plutôt « qui n’a pas » contrôlé le Moyen-Orient, de l’Antiquité à nos jours…?


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