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« Suisse »

Maurice Chappaz est mort

16 janvier 2009, posté par Marc

Maurice Chappaz

Maurice Chappaz, adolescent. Photographie © Bibliothèque nationale suisse / les Archives littéraires suisses, Fonds S. Corinna Bille-Maurice Chappaz, Berne

J’ai retrouvé ma pipe absente depuis l’autre nuit mais je trébuche, je frissonne. Je risque de nouveau de perdre ce qui va et vient dans mes poches, en longeant les parois du chalet. Je me déshabille et me rhabille pour me mettre au lit. Je ne suis qu’un poète de passage. Ce lit hérité de très loin, signé d’un ou deux caractères illisibles, haut sur pattes et qui ne passe plus les portes est un revenant. Les draps sont les pages blanches où je disparais.
Où je disparaîtrai une ultime fois pour être écrit.
Et si, me dis-je, au moment de fermer l’œil, le vingt et unième siècle héritier de tout ce que je déteste était acculé à un grand acte mystique ?

Maurice Chappaz, La pipe qui prie & fume, Éditions de la revue Conférence & Maurice Chappaz, octobre 2008

Pour en savoir plus sur ce magnifique auteur romand, rendez-vous ici.

Des pics contre la censure

14 mars 2008, posté par Marc

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Woody Woodpecker © Walter Lantz, 1940

La Capsule multimédia, émission de la Radio suisse romande animée par l’excellent Jean-Olivier Pain (et podcastable ici), fêtait en décembre dernier sa millième chronique. Le 28 février, elle présentait un projet lancé par deux artistes suisses, Christoph Wachter et Matthias Jud. Le site de ces « hacktivistes », picidae.net, met à disposition des internautes un moteur de recherche permettant de capturer, sous forme d’image, n’importe quelle page du Net et de l’afficher dans son navigateur. L’utilité des serveurs pici, mis en place par les deux fondateurs, est de permettre aux internautes d’accéder à des domaines dont le contenu pourrait être l’objet de censure.

Typiquement, en Chine, les blogues de dissidents ou ceux parlant du Tibet libre ne sont pas accessibles depuis les moteurs de recherche (notamment Google). En choisissant le chemin détourné de picidae.net, toute page est désormais visible, y compris pour les employés dont l’entreprise filtre les sites à contenu « adulte  ».

Pourquoi picidae ? Parce qu’il s’agit du nom latin des pics verts (ou « picidés »), sobriquet qu’ont reçu les premières personnes à avoir percé des trous dans le mur de Berlin (en allemand, die Mauerspechte, les « pics verts du mur »).

Alors, si vous pensez être victime de blocages de la part du proxy de votre boîte, ou si vous habitez une région où la censure empêche Internet d’être le plus grand Mur de la démocratie (西单民主墙) jamais construit, rendez-vous sur le moteur de recherche de picidae. Bonne liberté.

Le rêve du geek suisse

7 novembre 2007, posté par Yves

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Clavier d’ordinateur en chocolat. Photo © Michael Sholk

Non, ce n’est pas un clavier qui ressemble à une plaque de chocolat pour rigoler, mais bien une plaque de chocolat pour ceux qui savent ce qui est important. C’est Michael Sholk qui l’a imaginée, et en tant que Suisse et geek qui passe beaucoup trop de temps devant son écran d’ordi, je ne peux qu’applaudir de mes deux petites mains encore collantes des restes de la Lindt Grandes Noisettes que je viens de m’engloutir…

Et comme ya pas que le chocolat dans la vie, visitez aussi le reste de sa galerie.

Merci swissmiss

Liberté de la presse millésime 2007

22 octobre 2007, posté par Yves

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Photo © view from 5’2″

L’association Reporters sans frontières vient de publier son classement mondial sur la liberté de la presse en 2007. En 31e position, après le Ghana (29e), la Lettonie (12e) ou le Costa-Rica (21e ex-aequo), vient la France. Pas mal. En 11e place, la Suisse reste bien tranquillement dans le peloton de tête, mais perd quand même deux places par rapport à l’année dernière.

Sur le site de RSF, à côté de la liste, ils publient la série de critères servant à évaluer chaque pays. Ce sont des questions comme « Combien de journalistes et collaborateurs des médias ont été tués? Ont été tués dans des situations où l’Etat serait impliqué? Ont été interpellés ou emprisonnés (quelle que soit la durée de cette détention)? Sont actuellement emprisonnés après avoir été condamnés à une lourde peine de prison pour un délit de presse (supérieure à un an)? Ont été agressés ou blessés? Ont été personnellement menacés? » ou encore « A-t-on pu observer une utilisation du boycott publicitaire (l’Etat cesse d’acheter de l’espace publicitaire dans certains journaux ou fait pression sur des entreprises privées pour boycotter des médias)? Une limitation abusive des investissements étrangers dans le secteur de l’information? »

Des commentaires plus en détails, sont aussi développés région par région (Afrique, Amérique, Asie, Europe, Moyen-Orient) et si ça vous intéresse de voir les évolutions par rapport à l’année dernière c’est tout archivé sur le site de RSF.

Merci Le Point

Lavaux le vaut bien

22 septembre 2007, posté par Marc

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Photo © Régis Colombo, 2000

Chaque année depuis 1972, le Comité du Patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) choisit une trentaine de sites à travers le monde qu’elle ajoute à la Liste du Patrimoine mondial. Elle compte ainsi signaler — et préserver — les lieux culturels et naturels jugés cruciaux pour l’héritage commun de l’humanité.

Dix critères permettent de définir quels sont les sites pouvant appartenir à la Liste :

  1. Représenter un chef-d’œuvre du génie créateur humain ;
  2. Témoigner d’un échange d’influences considérable sur le développement de l’architecture ou de la technologie, la création de paysages, etc. ;
  3. Apporter un témoignage exceptionnel sur une tradition culturelle ;
  4. Offrir un exemple éminent d’un type de construction ;
  5. Être un exemple éminent d’établissement humain traditionnel ;
  6. Être associé à des traditions vivantes ;
  7. Représenter des aires d’une beauté exceptionnelle ;
  8. Être un exemple représentatif des grands stades de l’histoire de la Terre ;
  9. Être un exemple des processus écologiques en cours dans l’évolution des écosystèmes ;
  10. Contenir des habitats naturels importants pour la conservation de la diversité biologique.

Tous ces critères, la région suisse romande (et plus précisément vaudoise) du Lavaux les remplit haut la main. Situé sur les rives du lac Léman, Lavaux comprend huit cents hectares de vignes en terrasses et quatorze bourgades. Mais les chiffres se taisent face à l’incroyable beauté du lieu. L’endroit n’a rien à envier aux rizières en terrasses de Bali, et la vue époustouflante qu’elle offre sur le lac et les alpes de Haute-Savoie n’a pas à rougir face à la baie d’Ha-Long.

Aujourd’hui, Lavaux fêtait son entrée dans la Liste du Patrimoine mondial de l’Unesco. Les communes de Lutry, Grandvaux, Épesses, Rivaz, Chardonne et Cully font encore la bamboche, à l’heure où j’écris ce cyberpapier. J’ai eu la chance de passer cet après-midi par Cully, et une foule venue de la planète entière y était aussi présente, bouche bée, admirant, sentant, goûtant, flânant, dégustant… La date correspondait également à la fin des vendanges, et la plupart des vignerons cueillaient encore leurs grappes à l’heure de l’apéro. Au fil de la journée, on a vu les habitants de la région cheminer, tels des pèlerins, entre les parchets qui surplombent le lac.

Bref, tout ça pour vous dire que si vous n’avez rien perdu de vos facultés d’émerveillement, que si vous aimez les parfums de la terre et de tout ce qui y croît par le travail patient de l’homme, bref, si vous appréciez la bonne chair et les bons vins, n’hésitez pas à pérégriner entre Lutry et Montreux. Vous en sortirez sans doute grisé, voire époustouflé. Moi, j’en suis revenu avec quelques flacons de diolinoir sous le bras — et je peux vous promettre que je ne regrette pas une seconde mon escapade…

La Main (Tendue) Verte

12 septembre 2007, posté par Stahlhelm

Désespoir
Photo © OpenEye, 2007

On connaissait tous la Main Tendue, service téléphonique helvétique de la dernière chance pour la sous-classe d’entités-carbone à deux pattes communément appelée « humains en plein désespoir ».

Nos silencieuses compagnes les plantes ont désormais aussi accès à un service d’urgence leur permettant d’éviter la désertification en pot par négligence : botanicallsTM est un système de communication végétal-humain que la plante utilise pour appeler son maître lorsqu’elle manque d’eau ou de lumière.

Plante
Photo © G0Da, 2006

Le système est composé de capteurs de lumière et d’humidité connectés à un microcontrolleur Arduino et plantés au sein même du terreau-matrice. Losque le microcontrolleur détecte la détresse de la plante assoiffée, il envoie les données relevées via son modem wifi XBee® à une borne XPort®. XPort® se connecte ensuite à la matrice et contacte un script PHP qui transmet les données à Asterisk®, un système téléphonique open-source d’où part l’appel vers le terminal de votre choix :

Système botanicalls

Et si vous désirez en savoir encore bien plus sur cette technologie qui nous pousse encore un peu plus loin dans le précipice imminent de la Singularité, je ne peux que vous encourager à visionner la vidéo de promotion suivante :

A quoi ça sert ?

Merci Next Nature.

En mourant, on se fait des copains

30 août 2007, posté par Marc

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Chrysomya albiceps. Photo © Medizinische Universität Wien, 2002

Il existe pas mal de techniques pour déterminer le moment où un être humain est passé de l’état de consommateur à celui de macchab. On peut par exemple utiliser la température du corps, laquelle met bien huit à douze heures pour rejoindre celle du climat ambiant (dans les pays tempérés, cela va sans dire, car dans les contrées hospitalières où il fait déjà 37.2°C le matin, une telle égalisation est bien plus rapide).

On peut aussi se baser sur la rigidité cadavérique qui commence par la nuque avant de se répandre dans le corps entier — un corps mettant huit à douze heures pour se transformer en bout de bois (qui, peu après, se ramollit à nouveau sous l’effet de la décomposition).

Il existe encore les lividités cadavériques, à savoir les taches violacées que la peau acquiert sous l’effet du déplacement passif de la masse sanguine dans les coins et recoins de la dépouille…

En fait, le nec plus ultra de la datation d’un passage de vie à trépas, la manière la plus élégante de connaître l’heure d’un rendez-vous avec la Mort demeure l’entomologie médico-légale (en anglais : forensic entomology). Dans les séries télévisées qui nous empêchent de nous coucher avant minuit, cette étape des enquêtes criminelles est souvent passée sous silence. Et pour cause : il ne faudrait pas, précisément, nous empêcher de dormir une fois le poste de télévision éteint.

Cela dit, cette discipline de la police scientifique s’avère sans doute l’une des plus intéressantes. Grosso modo, comment cela marche-t-il ? Une fois la victime découverte, les enquêteurs prélèvent la « faune » se promenant sur le corps et alentour. En fait, pas seulement les bestioles vivantes, mais aussi celles qui, à leur tour, ont passé l’arme à gauche. L’emplacement, le moment et les conditions de prélèvement sont des informations primordiales.

Les petites bêtes qui courent sur leur repas de famille sont dès lors conservées dans de l’alcool (ce qui est l’une des manières les plus nobles de mourir, non ?) ou sont gentiment élevées en couveuse, histoire d’obtenir les mêmes conditions d’humidité et de température que celles dans lesquelles on les a trouvées.

Les stades larvaires, la durée d’incubation des œufs et le moment d’arrivée sur la dépouille sont des éléments qui permettent de retrouver, par croisements statistiques, le délai qui sépare la découverte du corps du moment où son propriétaire s’est absenté d’icelui.

Si je vous décris toutes ces joyeusetés, ce n’est pas que je broie du noir — il y a longtemps que les attentats quotidiens en Irak m’ont insensibilisé —, mais simplement parce qu’un Helvète pas piqué des hannetons (lui !) maintient un site qui ne brille certes pas par son graphisme, mais par son contenu. Claude Wyss (éminent pipomane au demeurant) y présente l’ouvrage qu’il a publié avec Daniel Cherix ainsi que l’expérience acquise durant les dix-sept années où il a assumé, au sein de la police vaudoise, le poste d’inspecteur en charge de la levée des corps. Bref, une riche source d’informations qui ravira tant les amateurs de polars (lecteurs et/ou écrivains) que les amoureux de la vie… sous toutes ses formes.

Le site de Claude Wyss, c’est ici.

La cuisine de FX

30 août 2007, posté par Yves

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Gâteau de macaroni aux pigeons © FXcuisine.com

François-Xavier est un Suisse romand qui aime ce qui est bon, comme la cuisine des campagnes, la finance, et le droit international. Alors il a fait un site web pour parler de cuisine (parce que la finance, soyons honnête c’est franchement moins glamour), mais en fait plutôt que d’en parler il prend plein de photos et raconte ses recettes avec le moins de blabla possible. Il est comme ça FX, et on est bien content parce que ça fonctionne plutôt bien.

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Baba ganouj © FXcuisine.com

Après, il faut aussi voir quelle recettes il publie. Le gâteau de maccheroni à la sauce au pigeon du siècle dernier, le risotto aux fraises d’Il Cucchiaio d’argento, le baba ganouj sur la braise, ou encore l’authentique plov ouzbek… C’est beau, c’est bien fait, c’est pas prétentieux mais quand même old school comme il faut, et surtout c’est généreux et le résultat a l’air d’être vraiment délicieux. FX est un perfectionniste et un gourmand, et on a plein de photos pour le prouver.

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Penne à la sicilienne © FXcuisine.com

Autres petites découvertes, il aborde aussi la barre mars frite en beignet, spécialité écossaise qui vous fait du bien aux artères, et une déconstruction-reconstruction des fameux penne à la sicilienne de la Trattoria de la rue de la Servette à Genève, qui ne désemplit pas depuis 15 ans justement grâce à ce plat. Avec les commentaires qui vont avec et les adresses des restaurants dont il parle.

Alors qu’est-ce qu’on dit à FX?

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Plov ouzbek © FXcuisine.com

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Plov ouzbek © FXcuisine.com

Recyclage is fun

30 août 2007, posté par Stahlhelm

Recyclage is fun
Photo © mag3737, 2007

Vous vous dites que, quand même, dans cette profonde commune schwytzoise où vous venez de déménager, le recyclage y est bien mieux organisé que dans votre bon vieux quartier genevois de la Jonction. Et même si les 3 semaines de cours du soir intensifs pour apprendre à séparer les feuilles flétries de laitues de celles d’une iceberg ramollie par un séjour prolongé dans votre frigo vous ont semblé un tantinet excessives, l’essentiel c’est bien d’être un bon citoyen qui fait tout pour la nature.

Vous allez certainement rire, mais le recyclage au Japon pousse grand-mère Ortie encore bien plus aggressivement dans le précipice de la bonne cause avec ses 5 sortes de papiers-cartons à trier, son obsession pour le recyclage des briques de lait et l’ablation sans remords du léger film plastique qui protège l’ouverture des boîtes de kleenex locales.

Lait
D’après une photo de don and cheryl, 2006

Personnellement, j’aime bien ça. Surtout que depuis peu j’ai la meilleure excuse pour regarder des clips de Perfume (パフューム) en boucle sans qu’on puisse m’accuser de ne plus être le sombre corbeau mélancolique qui pava le chemin de ma première moitié de vie. Une campagne de sensibilisation au recyclage vient en effet d’être lancée par le Japan Ad Council (AC公共広告機構) dans laquelle les trois petites idoles odorantes se trémoussent en compagnie de pâles copies d’Ents. Ou s’agit-il plutôt de cookie monsters verts ?

Et juste pour faire justice à l’art japonais mais aussi suivre de très près les souples hanches et les jolies moues de Perfume, voici le clip original de Polyrhythm, la chanson qui vous fera recycler malgré vous:

A vos lunettes de plastique noir, vous qui arpentez les rues d’Akihabara dans vos rêves humides, voici pleins d’autres rengaines electro-kitsch et parfumées après le saut.

(suite…)

Vos seins, gardez-les

29 août 2007, posté par Marc

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Photo © Michele Taras, 2006

Le trastuzumab est une molécule fabriquée par le groupe pharmaceutique suisse Hoffmann-La Roche et commercialisée sous le nom de Herceptine. Ce médicament est utilisé dans le traitement du cancer du sein et l’année passée, il a été l’objet de puissantes campagnes publicitaires vantant les mérites de ce « produit miracle ».

Un article du New England Journal of Medicine affirmait, en octobre 2005, que l’association de l’anticorps monoconal pertuzumab (utilisé également dans le traitement des cancers de la prostate et des ovaires) et de l’Herceptine augmentait les chances de survie des patientes atteintes d’un cancer du sein. Un article du groupe bâlois, datant du 4 juin 2007, confirme cette observation.

Une lueur d’espoir ?

Merci Inky Circus


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