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« graphisme »

Les imperfections de la perfection

4 juin 2008, posté par Marc

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Visuel © Fanta, 2008

On le sait depuis belle lurette : il ne suffit pas d’être anorexique pour voir son joli faciès orner les couvertures des magazines de destruction cérébrale de masse. Adobe Photoshop, notre ami de toujours, est aussi l’ennemi des imperfections physiques, ou plutôt, ce cher logiciel de retouche d’image vient à la rescousse des publicitaires chaque fois qu’il leur faut gommer ou atténuer les filigranes d’authenticité que Mère Nature a jugé bon de parsemer à la surface de nos corps magnifiques d’imperfection.

Souvent, par inattention, notre œil fatigué ne perçoit plus les aberrations physiques qui fleurissent sur les affiches et les annonces qui vantent les mérites non pas de la beauté, mais des produits pharmaceutiques qui permettraient d’acquérir une esthétique surnaturelle, impossible à maints égards, et surtout scélérate : le temps ne s’efface pas, pas plus que les lois fondamentales de la gravité.

Un blogue passionnant s’est donné pour mission de répertorier les imperfections de la perfection, les vices de procédure et les errements des graphistes et autres infographistes surmenés, lesquels, l’air de rien, rejouent à l’infini, sur leurs Mac, des parties virtuelles d’eugénisme à faire frissonner les lecteurs assidus de l’Île du docteur Moreau. Ce site, qui fait écho aux campagnes de sensibilisation de Dove (voir à ce sujet l’excellent papier d’Yves), porte le doux nom de Photoshop Disasters. Tout un programme, haut en couleur, qui vous fera perdre au bas mot une heure de travail, tant il est difficile de quitter des yeux toutes les erreurs commises par les cyberchirurgiens de l’image. Essentiel.

Sinographisme

14 février 2008, posté par Marc

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Affiche pour Hyperdesign, biennale du Shanghai Art Museum © Chen Hangfeng, 2006

Les amoureux de graphisme ont souvent tendance à lorgner du côté de Londres et de New York, comme autrefois on vénérait la Suisse d’Adrian Frutiger et de Josef Müller Brockmann. Eh bien on aurait tort aujourd’hui d’ignorer — entre autres — les artistes (appliqués) chinois. Tout d’abord parce que l’écriture chinoise se prête à merveille aux détournements typographiques, mais aussi parce les mégalopoles commerçantes de Chine populaire et de Chine nationale nécessitent des talents bien plus élaborés que ceux servant à mettre en page des cartes de restaurants.

En me baladant sur la Toile extrême-orientale, je suis tombé par hasard sur le site de Chen Hangfeng (陈航峰), jeune graphiste diplômé de la section des beaux-arts de l’Université de Shanghai (上海大學美術學院) actif depuis une décennie dans sa ville natale. Il y a deux ans, il a fondé sa propre agence, iCandy Studio, dont les débuts semblent prometteurs. Chen Hangfeng n’est pas encore le roi de la terre, mais il a du potentiel, ce p’tit gars.

Cela dit, pour vraiment vous faire plaisir et découvrir ce qui s’est fait de mieux en Chine Pop’, Hong Kong, Taiwan et Macao, jetez un œil attendri sur l’exposition virtuelle Chinese Graphic Design Towards the International Sphere. Un vrai bonheur.

Bible jaune et autres typomanies

8 février 2008, posté par Marc

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Illustration © Christian / I Love Typography, 2008

John D. Boardley aime la typographie. Il l’aime tant qu’il a décidé, l’été passé, de mettre en ligne un blogue qui ne parlerait que de ça et dont l’intitulé serait on ne peut plus clair : I Love Typography.

Ce presque quarantenaire qui vit au Japon, dans la préfecture de Kagawa (香川県), nous parle de ses découvertes sur la Toile, de ses propres expériences graphiques, d’un autre site de niouzes qu’il souhaite bientôt mettre en ligne et de… FontBook.

Pour ceux qui ne l’auraient pas déjà sur leur table de nuit (à la place où d’autres déposent le Nouveau Testament, la Torah, le Coran, La Bhagavadgîtâ, l’index du Canon bouddhique, le Necronomicon ou le dernier roman de Paul Auster), sachez que FontBook n’est rien de moins que la bible de la typographie : le meilleur compendium de fontes au monde. Depuis 1991, cette sorte d’annuaire jaune (qui comprend 1760 pages et pèse trois kilos) est la référence en matière de typographie contemporaine. Bref, le livre que vous emporteriez sur une île déserte.

Eh bien notre ami Boardley a eu la bonne idée de lancer, le 27 janvier, un concours de fausses pubs pour FontBook qui intégreraient l’ouvrage dans un contexte cinématographique. Les résultats, fort sympathiques, peuvent être consultés sur… J’aime la typographie (en anglais dans le texte).

L’évolution de l’Homme, sur un mur

6 novembre 2007, posté par Yves

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Photo © Blu

Vous vous souvenez de Blu, n’est-ce pas? On vous en a parlé déjà, c’est un peu l’ami de LiLeLa (mais toi aussi ami lecteur, même sans son talent, tu es l’ami de LiLeLa…), qui fait des fresques incroyables.

La dernière sur laquelle je suis tombé: l’évolution de l’Homme, en une longue chaîne sur un mur qui change de taille au fur et a mesure… Cliquez sur l’image pour admirer ses 12 000 pixels de large.

D’une simple photo à un modèle en 3D

29 octobre 2007, posté par Yves

Les petits gars de chez Singular Inversions ont développé le logiciel FaceGen dont vous n’allez sûrement jamais vous servir et moi non plus, vu qu’il s’adresse surtout aux pros de la modélisation 3D, pour les jeux vidéos et autres effets spéciaux de films. Alors oui je sais, encore une vidéo, tout ça, mais leur démonstration est tellement digne d’un film de science-fiction à la limite du « mais c’est impossible, arrête tout de suite!!! » que je me devais de partager ça avec toi, ami de lll et des choses qui font faire « ouaaaa » et se trépigner un peu dans son fauteuil. Le plus beau est à la fin, alors il faut être un peu patient au début quand ils expliquent comment ça marche.

Le rouleau à pixels

10 octobre 2007, posté par Marc

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Le PixelRoller. Photo © rAndom International, 2006

Basé à Londres, rAndom International est un collectif artistico-technique organisant des expositions temporaires, produisant des outils de création et effectuant de la recherche en design pour des agences et de grandes entreprises telles que Nokia et Honda F1.

En 2005, rAndom International a présenté un outil de peinture plutôt sophistiqué, puisqu’il s’agit d’un rouleau (à première vue, du même type que celui avec lequel vous avez repeint la chambre des gosses) imprimant de gros pixels de peinture à mesure qu’on le passe sur un mur ou une feuille de papier.

Relié à un ordinateur qui lui transmets des visuels programmés à l’aide du langage de ouvert Processing, le PixelRoller permet de couvrir des surfaces jusqu’alors difficilement traitables telles que les plafonds, les façades et les sols. Bref, de l’art rupestre ouvert à tous ceux qui en ont marre des bombonnes de peinture et des chablons.

Une petite démo ? Voici :

Le secret de Toblerone

26 septembre 2007, posté par Yves

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Photo © Kraft Foods Schweiz AG

Le Toblerone, inventé par Theodore Tobler qui a joué avec son nom et le le mot « nougat » en italien (torrone), a été patenté en 1909 à l’Office des brevets de Berne à l’époque où Einstein y travaillait. Tout le monde connaît Toblerone, et tout le monde ou presque y a goûté et a aimé. Loin de moi l’idée de leur faire de la pub, mais il faut regarder les choses en face. Et d’ailleurs, justement, si on regarde les choses en face, le paquet de Toblerone plus précisément, qu’est-ce qu’on y voit? C’est le secret de Toblerone, et il a un peu la classe. Attention, c’est un peu le Matrix suisse: une fois qu’on le sait il n’y a plus aucun moyen de ne plus le voir.

Allez, un gros plan sur le logo, avec son hommage aux fameux ours de Berne:
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Merci à sleepinginmyhead pour sa jolie trouvaille.

Le CSS a son jardin secret

1 septembre 2007, posté par Marc

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Photo © Nihon Girls

Rien de plus éreintant, en navigant sur la Toile, que de tomber sur des sites qui emploient des technologies dites « propriétaires » telles que le Flash d’Adobe (lequel appartenait autrefois à Macromedia). Votre navigateur met une éternité à charger une petite animation qui sert d’intro au site que vous souhaitez visiter, les menus de celui-ci sont d’une lourdeur effarante et, cerise sur le gâteau, vu que le contenu des documents en Flash n’est pas analysable par les moteurs de recherche, la plupart de ses pages ne sont pas répertoriées dans Google. Bref, l’enfer, tant du point de vue ergonomique que mercatique.

Pour pallier à ces désagréments, tout le monde le sait, le Consortium Web (World Wide Web Consortium) a mis sur pied, depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, le CSS, ou langage de création de feuilles de style « en cascade » (CSS = Cascading Style Sheet).

L’avantage technique du CSS est évident : il permet de travailler la présentation d’un site Internet (sa forme) sans en toucher le contenu. Il autorise également la lecture, par les aveugles, de pages Web sur des interfaces Braille. Qui plus est, la description d’une feuille de style en CSS s’avère plutôt simple, y compris pour les esprits les plus réfractaires au code.

Pour convaincre ceux qui douteraient encore des beautés de ce procédé aussi simple que révolutionnaire, un projet a vu le jour qui permet, sur la base du même contenu HTML, de redessiner complètement l’apparence d’un site. Ce domaine, le CSS Zen Garden, propose aux graphistes de tout poil de recréer, chacun à sa manière, la mise en forme de son contenu.

Le résultat est tout bonnement épatant et, en consultant les archives de cyberjardin zen créé par le graphiste canadien Dave Shea, on ne peut qu’admettre l’incroyable souplesse du CSS, cette arme capable de séduire même les plus gros fossiles du Web 1.0.

De Blu de Blu

28 août 2007, posté par Marc

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Image (détail) © Blu, 2005. Pour voir la fresque dans son entier, cliquez sur l’image.

Le Net déborde de cyberbooks de peintres, de graphistes et de designers. De sites qu’on passe trois semaines à charger et qui, la plupart du temps, ne sont que des séries d’images nues posées comme dans une « galerie » Flickr.

Dans le monde de l’art contemporain, les places sont chères. L’originalité est de rigueur et celle-ci doit aussi transparaître sur les sites de présentation des artistes qui souhaitent se faire connaître.

Eh bien c’est le cas d’un peintre-dessinateur-illustrateur italien du nom de Blu (!), lequel s’est notamment fait remarquer par le biais de magnifiques fresques peintes en Amérique du Sud dans le cadre du projet Megunica (film documentaire de voyage où le réalisateur, Lorenzo Fonda, a observé l’influence du contexte culturel et social sur le travail de Blu).

Le site officiel de l’artiste (n’essayez pas les blogues — ils ne fonctionnent pas) est tout bonnement magnifique : un modèle de beauté, de sobriété et d’ergonomie. J’adore. Je ne peux donc que vous inviter à convaincre Blu de s’attaquer au mur de béton qui fait face à mon bureau-bibliothèque…

P.-S. Une bande-annonce (un peu gnangnan, je dois l’avouer) de Megunica est disponible sur YouTube.

Le pire du pire

27 août 2007, posté par Marc

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Des chenilles à l’assaut d’un navet. Image © Delta Database

L’autre jour, je vous parlais des pires sécrétions cinématographiques de tous les temps. Aujourd’hui, je souhaiterais ajouter une pièce à l’histoire humaine du mauvais goût, à l’autodestruction culturelle de l’homme — bref, j’aimerais une fois encore dénoncer… le pire du pire.

On connaît la rengaine : sur la Toile, on trouve le pire comme le meilleur. On trouve surtout le pire, en fait, et quelques sites-anthologies sont là pour nous rappeler que plein de webmestres vouent encore un culte nauséeux aux GIF animés, aux titres qui clignotent, aux mosaïques en fond d’écran, aux tableaux HTML, bref, à tout ce que notre cher Internet (qui est aveugle) permet en matière d’abomination esthétique.

Venons-en aux faits. WebNavets, parmi tant d’autres, est une petite boutique des horreurs, une déchetterie où chaque immondice est trié, classifié et où le mauvais goût est la seule échelle (négative) de valeur. La visiter ne vous laissera pas indemne.

En anglais, vous trouverez également un site d’exemple qui utilise, dans un but éducatif, tout ce qu’il ne faut absolument pas commettre comme crime graphique : The World’s Worst Website. Un archétype qui rappelle — hélas — bien des mises en pages francophones… Âmes sensibles s’abstenir.


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