J’ai retrouvé ma pipe absente depuis l’autre nuit mais je trébuche, je frissonne. Je risque de nouveau de perdre ce qui va et vient dans mes poches, en longeant les parois du chalet. Je me déshabille et me rhabille pour me mettre au lit. Je ne suis qu’un poète de passage. Ce lit hérité de très loin, signé d’un ou deux caractères illisibles, haut sur pattes et qui ne passe plus les portes est un revenant. Les draps sont les pages blanches où je disparais.
Où je disparaîtrai une ultime fois pour être écrit.
Et si, me dis-je, au moment de fermer l’œil, le vingt et unième siècle héritier de tout ce que je déteste était acculé à un grand acte mystique ?
Maurice Chappaz, La pipe qui prie & fume, Éditions de la revue Conférence & Maurice Chappaz, octobre 2008
Pour en savoir plus sur ce magnifique auteur romand, rendez-vous ici.
On le sait depuis belle lurette : il ne suffit pas d’être anorexique pour voir son joli faciès orner les couvertures des magazines de destruction cérébrale de masse. Adobe Photoshop, notre ami de toujours, est aussi l’ennemi des imperfections physiques, ou plutôt, ce cher logiciel de retouche d’image vient à la rescousse des publicitaires chaque fois qu’il leur faut gommer ou atténuer les filigranes d’authenticité que Mère Nature a jugé bon de parsemer à la surface de nos corps magnifiques d’imperfection.
Souvent, par inattention, notre œil fatigué ne perçoit plus les aberrations physiques qui fleurissent sur les affiches et les annonces qui vantent les mérites non pas de la beauté, mais des produits pharmaceutiques qui permettraient d’acquérir une esthétique surnaturelle, impossible à maints égards, et surtout scélérate : le temps ne s’efface pas, pas plus que les lois fondamentales de la gravité.
Un blogue passionnant s’est donné pour mission de répertorier les imperfections de la perfection, les vices de procédure et les errements des graphistes et autres infographistes surmenés, lesquels, l’air de rien, rejouent à l’infini, sur leurs Mac, des parties virtuelles d’eugénisme à faire frissonner les lecteurs assidus de l’Île du docteur Moreau. Ce site, qui fait écho aux campagnes de sensibilisation de Dove (voir à ce sujet l’excellent papier d’Yves), porte le doux nom de Photoshop Disasters. Tout un programme, haut en couleur, qui vous fera perdre au bas mot une heure de travail, tant il est difficile de quitter des yeux toutes les erreurs commises par les cyberchirurgiens de l’image. Essentiel.
Cette petite vidéo venue tout droit de notre futur proche est un avertissement glaçant à ceux d’entre nous qui osent encore jeter leurs composants électriques avec la même désinvolture que celle qui permet d’éjecter lestement et du bout des doigts une crotte de nez durcie par un vent d’hiver mordant.
En ce moment même, une méchante rumeur s’épanche qui dit que les diodes et autres soudures miniatures qui animent si discrètement nos interfaces vers un monde virtuel meilleur sont en passe de se multiplier, comme ton papa et ta maman le soir quand ils pensent que tu es couché, et d’envahir notre plate-bandes.
Une très mauvaise blague en accéléré de l’évolution et de son sex friend dame Nature. Mais c’est aussi un peu grâce à Microbia, qui nous avait déjà livré le phénoménal Metalosis Maligna.
Nature adapts, even to human actions that seem to
destroy everything.
The amazing power of evolution has given birth to a
new species of insect. Their ideal habitats are old
industrial locations.Some call them electrical insects,
others simply speak of a miraculous phenomenon,or
even better, a self supporting order;
The Order Electrus.
Le Japon a compris depuis longtemps que la nature était vraiment bien faite. Surtout la nature japonaise qui est tellement différente de celle du reste du monde que si tu n’es pas Japonais, tu ne peux pas comprendre.
L’un des aspects si inconcevablement unique de la nature nippone est cette capacité surnaturelle qu’ont les tanukis (狸 chiens viverrins) à étendre leur scrotum de manière ridiculement exagérée. Une vraie prouesse de la part de ces petits chenapans qui rend la rédaction entière de LiLeLa tellement jalouse que nous pensons affréter un yacht dans les eaux sud-coréennes pour une session secrète de chirurgie esthétique des roubignoles. Ni plus, ni moins.
Le magnifique artiste d’ukiyo-eUtagawa Kuniyoshi (歌川国芳) (1797 ou 1798 – 1861) est responsable des abominations suivantes, preuves immortelles de cette pratique malheureusment trop peu connue sous les cieux occidentaux :
On s’étire un peu plus sur le sujet après le saut :
Pour ceux qui se sentent d’humeur, ou simplement détestent cordialement les phoques, le Telegraph publie un petit pictorial fin et délicat de grands requins blancs qui passent à table. Miam.
Harapan est né le 29 Avril 2007 au zoo de Cincinnati. C’était pas hier, mais on en parle parce que c’est un rhino de Sumatra, dont l’espèce est très menacée et dont on estime la population mondiale à 300 individus (est-ce parce que leurs yeux sèchent trop vite, à force de tout le temps les garder grand ouverts…?). Et aussi et surtout parce que c’est un prétexte pour mater une vidéo à la fois mimi tout plein et quand même un peu Eraserhead sur les bords.
La naissance d’un bébé orang-outan, tiré du documentaire « Before It’s Too Late » (« Avant qu’il ne soit trop tard ») sur les espèces en voie d’extinction.
Il y en a qui se plaignent des crottes de chiens, d’autres des souris, mais tu dirais quoi s’il y avait une bande de singes en bas de chez toi? Les habitants de Delhi connaissent bien ce problème et même s’ils s’en plaignent, c’est délicat parce que la ville grandit en envahissant l’habitat naturel des singes sauvages, et aussi parce qu’il est inacceptable pour un hindou de tuer un singe, manifestation du dieu-singe Hanuman.
Alors on met la pression au gouvernement, et des systèmes ont été mis en place pour rassembler et déporter ces singes vers la foret, par example. Et quand ça ne suffisait plus, on a même introduit des langurs — une autre espèce de singes un peu plus féroce — dressés à attaquer les bandes de macaques qui posent problème.
On s’amuse on s’amuse, et finalement il y a quelqu’un qui se fait mal. Samedi, c’est le maire adjoint de Delhi, S.S. Bajwa, qui est tombé de sa terrasse au 1er étage en essayant d’échapper à une horde de singes qui l’attaquaient. Il s’est blessé à la tête et en est mort… Médite ça la prochaine fois que tu en as marre des pigeons.
Un jour viendra où les astres auront tournés et nous seront favorables. Et ce jour-là, nous pourrons nous offrir une résidence secondaire sur les fraîches hauteurs de Karuizawa (軽井沢), capitale mondaine des villégiatures nippones. Et jour-là aussi, je nous ferai construire une parfaite réplique de la Judith Mountain Cabin, délicieux fruit architectural né des phantasmes ruraux et consanguins de l’agence Prairie Wind Architecture. Grotto tessinois ou tour d’observation de la Comté ? Nous ne le saurons jamais.
Est-ce un jacuzzi préhistorique que je devine à gauche du chalet ? Wouhou !
Sans dramatiser outre mesure, le Washington Post nous livre cette jolie animation vidéo de notre planète chérie dépictant l’évolution (ou la décrépitude, selon votre angle de vue) de la calotte glacière du pôle Nord entre les 21.09.2005 et 14.09.2007. Je ne voudrais pas que cette intro devienne le spoiler le plus énervant de la blogosphère, mais c’est vers la fin que la vidéo devient véritablement intéressante. Merci à la NASA pour cet éclaircissement de notre futur.