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« politique »

Des pics contre la censure

14 mars 2008, posté par Marc

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Woody Woodpecker © Walter Lantz, 1940

La Capsule multimédia, émission de la Radio suisse romande animée par l’excellent Jean-Olivier Pain (et podcastable ici), fêtait en décembre dernier sa millième chronique. Le 28 février, elle présentait un projet lancé par deux artistes suisses, Christoph Wachter et Matthias Jud. Le site de ces « hacktivistes », picidae.net, met à disposition des internautes un moteur de recherche permettant de capturer, sous forme d’image, n’importe quelle page du Net et de l’afficher dans son navigateur. L’utilité des serveurs pici, mis en place par les deux fondateurs, est de permettre aux internautes d’accéder à des domaines dont le contenu pourrait être l’objet de censure.

Typiquement, en Chine, les blogues de dissidents ou ceux parlant du Tibet libre ne sont pas accessibles depuis les moteurs de recherche (notamment Google). En choisissant le chemin détourné de picidae.net, toute page est désormais visible, y compris pour les employés dont l’entreprise filtre les sites à contenu « adulte  ».

Pourquoi picidae ? Parce qu’il s’agit du nom latin des pics verts (ou « picidés »), sobriquet qu’ont reçu les premières personnes à avoir percé des trous dans le mur de Berlin (en allemand, die Mauerspechte, les « pics verts du mur »).

Alors, si vous pensez être victime de blocages de la part du proxy de votre boîte, ou si vous habitez une région où la censure empêche Internet d’être le plus grand Mur de la démocratie (西单民主墙) jamais construit, rendez-vous sur le moteur de recherche de picidae. Bonne liberté.

Memento mori

6 février 2008, posté par Marc

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Au coin de la rue. Photo © Quelque part sur la Terre, 2007

En ces temps de jeunisme où il est de bon ton d’avoir la peau lisse, le sein haut et la fesse ferme, à une époque où l’hygiénisme stigmatise la bouffe, l’alcool et le tabac, où l’éternité se commercialise à travers des crèmes anti-âge et où la santé devient un capital à gérer comme une assurance-vie, la mort est l’apanage du pauvre, du tiers-mondiste, du gueux. En bref : mourir est une grave faute de goût.

Bien sûr, quelques Continentaux s’amusent à se faire peur en jouant à l’Irlandais : ils fardent leurs enfants comme des sorcières et fêtent Halloween en gaspillant des citrouilles qui auraient fait de bonnes soupes de Toussaint. Des marques de luxe telles que Dior et Fendi ont déclaré très chic d’affubler leurs chiffons de têtes de morts. Pour les moins fortunés d’entre-nous, — et pour les enfants —, H&M a trouvé très mignon de couvrir ses nippes de crânes du plus bel effet, tout roses et souriants…

En résumé, on prend la Mort pour une conne. D’abord parce qu’on croit pouvoir la contrer, mais aussi parce qu’on espère en jouer par quelques artifices commerciaux. La mort, on l’aura compris, est désormais l’objet de toutes les vénalités, qu’il s’agisse d’armes à rentabiliser ou de fringues à fourguer.

Au milieu de cette danse macabre au parfum mercantile, un site Internet rappelle, avec beaucoup d’élégance et de pertinence, que la mort est fondatrice de mouvements artistiques et de religions. Bref : qu’il ne faut ni la fuir ni la vendre, mais l’apprécier pour ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : une prodigieuse source de création et de motivation.

L’Encyclopédie sur la mort (La mort et la mort volontaire à travers les âges) vous offre d’excellentes études thématiques (histoire, philosophie, thanatologie, sciences des religions, etc.), vous présente les enjeux sociaux dont la mort est l’objet, vous parle de mort volontaire et avance de nombreuses statistiques à vous faire… chaud dans le dos.

Petite merveille de bon sens proposée en partenariat avec l’Encyclopédie de l’Agora (que nous ne pouvons que vous recommander), L’Encyclopédie sur la mort est l’œuvre d’esprits éclairés :

(…) L’Encyclopédie sur la mort veut s’intéresser à ce phénomène sous ses multiples aspects et ses diverses modalités. Elle est curieuse de la pensée de la mort qui a habité et hante encore tant d’écrivains, de poètes, d’artistes, de savants, de philosophes et de sages. Elle veut rendre compte des résultats des recherches sur la mort ainsi que de la mentalité générale des populations à l’égard de la mort. Elle s’approchera de la mort avec pudeur et discrétion, consciente du mystère qui l’enveloppe et de la crainte qu’elle inspire. (…)

(Extrait de la Présentation générale de l’Encyclopédie par Éric Volant)

Y aurait il des changements à venir dans la politique américaine ?

20 janvier 2008, posté par Corbor

Quand les singes se mêlent de la politique

26 octobre 2007, posté par Yves

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Photo © jayaram

Il y en a qui se plaignent des crottes de chiens, d’autres des souris, mais tu dirais quoi s’il y avait une bande de singes en bas de chez toi? Les habitants de Delhi connaissent bien ce problème et même s’ils s’en plaignent, c’est délicat parce que la ville grandit en envahissant l’habitat naturel des singes sauvages, et aussi parce qu’il est inacceptable pour un hindou de tuer un singe, manifestation du dieu-singe Hanuman.

Alors on met la pression au gouvernement, et des systèmes ont été mis en place pour rassembler et déporter ces singes vers la foret, par example. Et quand ça ne suffisait plus, on a même introduit des langurs — une autre espèce de singes un peu plus féroce — dressés à attaquer les bandes de macaques qui posent problème.

On s’amuse on s’amuse, et finalement il y a quelqu’un qui se fait mal. Samedi, c’est le maire adjoint de Delhi, S.S. Bajwa, qui est tombé de sa terrasse au 1er étage en essayant d’échapper à une horde de singes qui l’attaquaient. Il s’est blessé à la tête et en est mort… Médite ça la prochaine fois que tu en as marre des pigeons.

Merci la BBC

Liberté de la presse millésime 2007

22 octobre 2007, posté par Yves

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Photo © view from 5’2″

L’association Reporters sans frontières vient de publier son classement mondial sur la liberté de la presse en 2007. En 31e position, après le Ghana (29e), la Lettonie (12e) ou le Costa-Rica (21e ex-aequo), vient la France. Pas mal. En 11e place, la Suisse reste bien tranquillement dans le peloton de tête, mais perd quand même deux places par rapport à l’année dernière.

Sur le site de RSF, à côté de la liste, ils publient la série de critères servant à évaluer chaque pays. Ce sont des questions comme « Combien de journalistes et collaborateurs des médias ont été tués? Ont été tués dans des situations où l’Etat serait impliqué? Ont été interpellés ou emprisonnés (quelle que soit la durée de cette détention)? Sont actuellement emprisonnés après avoir été condamnés à une lourde peine de prison pour un délit de presse (supérieure à un an)? Ont été agressés ou blessés? Ont été personnellement menacés? » ou encore « A-t-on pu observer une utilisation du boycott publicitaire (l’Etat cesse d’acheter de l’espace publicitaire dans certains journaux ou fait pression sur des entreprises privées pour boycotter des médias)? Une limitation abusive des investissements étrangers dans le secteur de l’information? »

Des commentaires plus en détails, sont aussi développés région par région (Afrique, Amérique, Asie, Europe, Moyen-Orient) et si ça vous intéresse de voir les évolutions par rapport à l’année dernière c’est tout archivé sur le site de RSF.

Merci Le Point

Un peu de civisme satirique

15 octobre 2007, posté par Yves

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Photo © pbonenfant

Ça arrive, on surfe de lien en lien, en lisant des trucs pas forcément très intéressants sur des gens très peu intéressants, et au détour d’un clic, on se retrouve à lire des billets politiques où ça cause d’autre chose que de de George W. Bush pour une fois (on en est arrivé à un stade ou Bush c’est limite classé plus sous « divertissement » que sous « politique », mais ça c’est encore une autre histoire). Alors ne me demandez pas comment, voilà que je me suis retrouvé sur Charlie enchaîné, un site qui se déclare « consacré aux deux hebdomadaires satiriques paraissant le mercredi: « Charlie Hebdo » et « Le Canard enchaîné »« . Respectable ambition. Le site officiel du Canard est ici, et j’aurais bien voulu continuer par « celui de Charlie est là » mais il semble qu’ils n’ont pas encore découvert Internet, dommage. Voici donc un autre site qui tente de mélanger les deux et de mettre l’accent sur la participation active des visiteurs lecteurs internautes. Un genre de Rue89 de la satire politique, on dirait.

Et sur Charlie enchaîné donc, je suis tombé sur un lien vers iPol, « le magazine politique tout en images qui couvre l’actualité de l’autre campagne: celle des blogs et d’Internet, celle qu’on ne voit pas à la télé« . Il semblerait donc que je sois un peu en retard sur ce coup là, mais comme ils continuent à poster j’en déduis qu’il n’est jamais trop tard sur le web.

Loin de moi l’idée d’encourager qui que ce soit à se comporter en citoyen responsable, suivre l’actualité politique nationale et/ou internationale, ou même d’aller voter, mais si c’est drôle et un peu méchant, forcément, j’ai envie d’en parler. Alors ci-dessous, deux petites vidéos d’iPol, une astucieuse parodie de la manière franco-française de se regarder le nombril, et une autre sur la manière franco-française de se regarder le nombril.

Nelson Mandela mort (assassiné)

21 septembre 2007, posté par Yves

Oui, c’est un scoop. Et c’est Saddam Hussein qui l’a tuer. Ce qu’on ne sait pas, c’est si George W. Bush parle de sa dernière partie de Cluedo ou s’il fait des allégories encore plus foireuses que les miennes…

Merci Say No to Crack

Chris Jordan tire le portrait d’une société de consommation

27 août 2007, posté par Yves

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Plastic Bags © Chris Jordan

Chris Jordan présente les faits de manière crue et belle à la fois. Il reconnaît être un consommateur lui-même et donc ne pas pouvoir pointer du doigt qui que ce soit, mais ça ne l’empêche pas de poser des questions et surtout de demander pourquoi on n’a pas de réponse. Le mieux, ça serait encore d’aller à ses expos, mais sinon il y a aussi son site web ou il présente son œuvre et sa démarche. Ses galeries sont belles et tragiques à la fois, son travail est sain et honnête. Et si une image vaut 1000 paroles, « Plastic Bags » (ci-dessus) qui représente 60000 sacs en plastique, la quantité utilisée toutes les 5 secondes aux US, vaudrait combien de mots?

L’Afghanistan et le Pakistan avec des gens (qui sourient)

15 août 2007, posté par Yves

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Photo © Steve Taylor

On en a tellement parlé, que des fois on en oublie qu’il y a des vrais gens qui y vivent pour de vrai. Stephen Taylor, prof de de maths en Pennsylvanie, avait été faire un tour en Afghanistan et au Pakistan à l’époque où l’on portait les cheveux plus longs et c’était cool d’avoir des rouflaquettes, et il avait pris plein de photos qu’il a ensuite publié sur sa homepage. Parce que parfois on a assez vu de lapins et de vibromasseurs, et on aimerait bien aller voir comment ça se passe dans le reste du monde pour mieux comprendre pourquoi il y a la guerre… (Ça doit être les rouflaquettes qui me font devenir tout flower power)

Se méfier, toujours se méfier

30 juillet 2007, posté par Marc

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Yigal Carmon à Bruxelles en février 2005. Photo (détail) © EPP-ED Group

Dans son article du 26 juillet, Corbor nous révélait l’existence d’une nouvelle — et inquiétante — émission palestinienne destinée aux enfants. Après le pseudo-Mickey du nom de Farfour, une pseudo-Maya-l’abeille dénommée Nahoul débarque sur la télévision du Hamas. Je ne cache pas mon souci face à cette terrible propagande, mais je pense judicieux de parler un petit peu de l’organisme qui en a diffusé la traduction sur la Toile : MEMRI TV.

MEMRI (ou plutôt ממר »י) est l’acronyme de « Middle East Media Research Institute ». En français : Institut de recherche des médias du Moyen-Orient (en hébreu : המכון לחקר התקשורת המזרח התיכון). Les objectifs de MEMRI TV sont d’apporter des éléments d’information sur la politique étasunienne aux Proche- et Moyen-Orient et, surtout, de surveiller les chaînes de télévision arabes et iraniennes et d’en dresser le portrait pour les médias occidentaux.

Le document présentant l’abeille Nahoul correspond précisément aux productions de MEMRI, à savoir des extraits d’émissions arabes ou iraniennes sous-titrée en anglais.

Loin de moi l’envie de juger le bien-fondé des programmes de MEMRI TV. On voit de tout dans les cyberguerres, le pire comme le meilleur. Je vais néanmoins vous présenter en quelques lignes l’origine de cette institution qui ne rend jamais compte de ce que diffusent… les télévisions israéliennes.

MEMRI TV existe depuis presque dix ans. Son siège est à Washington et son financement provient de dons privés. Il a pour fondateurs M. Yigal Carmon (יגאל כרמון) et Mme Meyrav Wurmser (מירב וורמסר).

Yigal Carmon est un un ancien colonel des Services secrets israéliens (מוסד), au sein desquels il a travaillé durant 22 ans. Il a également œuvré en tant que conseiller pour la lutte contre le terrorisme auprès de deux premiers ministres israéliens, Yitzhak Shamir et Yitzhak Rabin.

Meyrav Wurmser est une intellectuelle conservatrice membre du tout aussi conservateur Hudson Institute (un de ces fameux think tanks) et épouse de David Wurmser, conseiller de Dick Cheney pour les questions relatives au Moyen-Orient. Après un doctorat en sciences politiques, elle a enseigné à la Johns Hopkins University ainsi que dans l’Académie navale étasunienne.

Il y a fort à parier que les choix de diffusion du MEMRI ne soient pas impartiaux. En janvier 2003, une controverse a vu le jour entre Yigal Carmon et un journaliste anglais travaillant pour The Guardian : Brian Whitaker. Précisons en passant que M. Whitaker bénéficie d’un diplôme de langue arabe de l’Université de Westminster et qu’il a été responsable de la rubrique Moyen-Orient de son journal de 2000 à 2007.

M. Whitaker considère que MEMRI n’est qu’un outil de propagande, alors que ce dernier se définit comme un institut de recherche. Selon le journaliste, cela implique passablement de mauvaise foi. Il accuse notamment le MEMRI de traduire des sujets particuliers à des fins politiques tout en dressant un portrait incomplet et inéquitable des médias arabes. Il accuse enfin l’institution privée de traduire improprement le contenu des émissions qu’il rediffuse. Vous l’aurez compris, M. Whitaker doute du crédit que l’on peut accorder au MEMRI en tant que miroir des médias arabes.

À vous maintenant de vous faire une opinion en lisant (en anglais) le débat par courriels interposés entre MM. Carmon et Whitaker sur le site du Guardian.

Morale de l’histoire : méfions-nous du MEMRI, méfions-nous des médias, méfions-nous d’Internet, méfions-nous de Wikipédia, méfions-nous. Hélas.


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