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« mode »

Des sapeurs dans leur pays en feu

17 novembre 2008, posté par Marc


Séverin le sapeur. Photographie © Héctor Mediavilla, 2007

Pas plus tard qu’hier, Olusegun Obasanjo (ancien président du Nigeria), envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la région des Grands lacs, achevait sa mission en République démocratique du Congo. Il y avait rencontré Laurent Nkunda, le chef du CNDP (Congrès national pour la défense du peuple — laissez-moi rire), ainsi que le président de la RDC, Joseph Kabila. Le résultat de sa visite : l’engagement de Laurent Nkunda en faveur d’un cessez-le-feu dans la province du Nord-Kivu, région en proie à des combats entre loyalistes de l’armée gouvernementale et « rebelles » à la solde du général dissident.

Tout cela pour rappeler que le « Congo-Kinshasa » (à l’origine, une réplique 1:1 du paradis), est encore et toujours le champ de bataille de charognards qui pillent tant la population que les ressources naturelles du pays. Toutefois, dans cette nation économiquement détruite, politiquement instable, dans ce lieu d’extrême pesanteur, il existe une espèce d’oiseaux rares constamment sur leur trente et un, se pavanant comme si de rien n’était, avec l’aplomb et la nonchalance de paons. À bien y regarder, il se pourrait que ce soit là une forme de révolte, une manière de bras d’honneur face au chaos et à la guigne.

Sans doute avez-vous déjà croisé ces personnages d’une dignité d’un autre âge, ces « magnifiques » qui parfois s’affrontent visuellement au cours de soirées dédiées au culte de la sape. Alors, pour oublier quelques instants la guerre, pour vous rafraîchir les yeux, faites un tour dans la galerie virtuelle que leur dédie Héctor Mediavilla, ancien cadre financier qui se consacre désormais à la photographie. Cet artiste espagnol de 38 ans, membre du réseau Picturetank (coopérative de photographes), a su saisir in situ les « sapeurs », ces paradoxes sur pattes, ces œuvres d’art vivantes qui ne cessent de détonner dans le paysage mélancolique de leur pays en guerre. Un délice à découvrir sur Zonezero.

Classe d’âge

13 octobre 2008, posté par Marc

Zelda Kaplan (92 ans), ancienne humanitaire et reine de la nuit
Zelda Kaplan (92 ans), ancienne humanitaire et reine de la nuit. Photo © BlackBook, 2008

Quand on est gosse, — je veux dire lorsqu’on est tout petit —, nos parents achètent nos vêtements sans nous demander ce que nous en pensons. Plus tard, à l’âge de déraison, nous tentons vainement de combler notre vide identitaire en singeant des castes musicales ou économiques.

À l’âge du travail et de la reproduction, nous revêtons l’uniforme que nos supérieurs ont choisi pour nous avec autant de goût que d’empathie. Ce n’est qu’à l’automne de la vie (ou plutôt : au printemps de la nouvelle) que l’homo sapiens peut enfin se saper en toute indépendance, avec la liberté de ceux qui n’ont plus rien à prouver ni à perdre.

Un nouveau blogue tente de saisir, avec admiration, avec étonnement, le style parfois original et souvent libéré de nos aînés. Quelques clichés qui rafraîchiront les esthètes dégoûtés par le style trash-pute de l’été 2008 : Advanced Style.

Merci Neatorama

Les imperfections de la perfection

4 juin 2008, posté par Marc

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Visuel © Fanta, 2008

On le sait depuis belle lurette : il ne suffit pas d’être anorexique pour voir son joli faciès orner les couvertures des magazines de destruction cérébrale de masse. Adobe Photoshop, notre ami de toujours, est aussi l’ennemi des imperfections physiques, ou plutôt, ce cher logiciel de retouche d’image vient à la rescousse des publicitaires chaque fois qu’il leur faut gommer ou atténuer les filigranes d’authenticité que Mère Nature a jugé bon de parsemer à la surface de nos corps magnifiques d’imperfection.

Souvent, par inattention, notre œil fatigué ne perçoit plus les aberrations physiques qui fleurissent sur les affiches et les annonces qui vantent les mérites non pas de la beauté, mais des produits pharmaceutiques qui permettraient d’acquérir une esthétique surnaturelle, impossible à maints égards, et surtout scélérate : le temps ne s’efface pas, pas plus que les lois fondamentales de la gravité.

Un blogue passionnant s’est donné pour mission de répertorier les imperfections de la perfection, les vices de procédure et les errements des graphistes et autres infographistes surmenés, lesquels, l’air de rien, rejouent à l’infini, sur leurs Mac, des parties virtuelles d’eugénisme à faire frissonner les lecteurs assidus de l’Île du docteur Moreau. Ce site, qui fait écho aux campagnes de sensibilisation de Dove (voir à ce sujet l’excellent papier d’Yves), porte le doux nom de Photoshop Disasters. Tout un programme, haut en couleur, qui vous fera perdre au bas mot une heure de travail, tant il est difficile de quitter des yeux toutes les erreurs commises par les cyberchirurgiens de l’image. Essentiel.

Memento mori

6 février 2008, posté par Marc

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Au coin de la rue. Photo © Quelque part sur la Terre, 2007

En ces temps de jeunisme où il est de bon ton d’avoir la peau lisse, le sein haut et la fesse ferme, à une époque où l’hygiénisme stigmatise la bouffe, l’alcool et le tabac, où l’éternité se commercialise à travers des crèmes anti-âge et où la santé devient un capital à gérer comme une assurance-vie, la mort est l’apanage du pauvre, du tiers-mondiste, du gueux. En bref : mourir est une grave faute de goût.

Bien sûr, quelques Continentaux s’amusent à se faire peur en jouant à l’Irlandais : ils fardent leurs enfants comme des sorcières et fêtent Halloween en gaspillant des citrouilles qui auraient fait de bonnes soupes de Toussaint. Des marques de luxe telles que Dior et Fendi ont déclaré très chic d’affubler leurs chiffons de têtes de morts. Pour les moins fortunés d’entre-nous, — et pour les enfants —, H&M a trouvé très mignon de couvrir ses nippes de crânes du plus bel effet, tout roses et souriants…

En résumé, on prend la Mort pour une conne. D’abord parce qu’on croit pouvoir la contrer, mais aussi parce qu’on espère en jouer par quelques artifices commerciaux. La mort, on l’aura compris, est désormais l’objet de toutes les vénalités, qu’il s’agisse d’armes à rentabiliser ou de fringues à fourguer.

Au milieu de cette danse macabre au parfum mercantile, un site Internet rappelle, avec beaucoup d’élégance et de pertinence, que la mort est fondatrice de mouvements artistiques et de religions. Bref : qu’il ne faut ni la fuir ni la vendre, mais l’apprécier pour ce qu’elle n’a jamais cessé d’être : une prodigieuse source de création et de motivation.

L’Encyclopédie sur la mort (La mort et la mort volontaire à travers les âges) vous offre d’excellentes études thématiques (histoire, philosophie, thanatologie, sciences des religions, etc.), vous présente les enjeux sociaux dont la mort est l’objet, vous parle de mort volontaire et avance de nombreuses statistiques à vous faire… chaud dans le dos.

Petite merveille de bon sens proposée en partenariat avec l’Encyclopédie de l’Agora (que nous ne pouvons que vous recommander), L’Encyclopédie sur la mort est l’œuvre d’esprits éclairés :

(…) L’Encyclopédie sur la mort veut s’intéresser à ce phénomène sous ses multiples aspects et ses diverses modalités. Elle est curieuse de la pensée de la mort qui a habité et hante encore tant d’écrivains, de poètes, d’artistes, de savants, de philosophes et de sages. Elle veut rendre compte des résultats des recherches sur la mort ainsi que de la mentalité générale des populations à l’égard de la mort. Elle s’approchera de la mort avec pudeur et discrétion, consciente du mystère qui l’enveloppe et de la crainte qu’elle inspire. (…)

(Extrait de la Présentation générale de l’Encyclopédie par Éric Volant)

Tatouages solaires

4 octobre 2007, posté par Yves

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Tatouage solaire © Yu-Chiao Wang

C’est le compromis entre celles qui se font des tatouages au henné et gardent la marque du maillot jusqu’au début de l’automne, et celles qui bronzent toutes nues toute l’année aux UV. Yu-Chiao Wang a créé une nouvelle manière de bronzer et de se la péter. Les trous laissent passer le soleil et on bronze comme un graffiti au pochoir. Oui, je sais, c’est malin de parler de ce truc juste après l’été quand tout le monde rentre a la maison et retourne au boulot. Mais LiLeLa c’est aussi un peu de rêve dans ton quotidien de grisaille, et de toute façon je sais pas qui aurait teste ça cet été, ni même si c’est disponible ou juste un délire d’artiste. Si tu es vraiment motivée, il te reste Noël a la plage avec du gros scotch brun.

Merci yankodesign.com

Parle à ta fille

3 octobre 2007, posté par Yves

Dove, la marque sans savon mais avec de la crème, en a encore marre de l’industrie de la mode, des cosmétiques, des magazines, bref de tout ce qui selon eux pourrit la vie des femmes en leur faisant rêver de devenir ce qui n’existe que dans les fantasmes de certains créateurs de pub (et des hommes, parce qu’on le leur a mis en tête justement). Alors après ce petit film choc dont vous vous souvenez sûrement, ils remettent ça avec un autre, qui va plus loin dans la simplicité, et qui pointe la source du problème là ou ça pèche en général. Parle à ta fille avant que ça soit l’industrie de la beauté qui le fasse à ta place…

Leçons de style par les plus grands

27 septembre 2007, posté par Yves

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Jack Nicholson – Photo © David Bailey

GQ fête ses 50 ans. Pour marquer l’évènement, ils s’offrent 10 couvertures différentes, chacune avec une photo d’un homme qui a la classe. Pacino, Depp, Nicholson, Connery, Ali… et à l’intérieur, les 50 hommes les plus stylés des 50 dernières années. Mais ça fait belle lurette que tu ne lis plus de magazine papier, alors ils t’ont aussi fait un petit slideshow sur leur site web, avec présentation des mêmes cinquante, et un commentaire à chacun, pour t’aider à être un peu plus classe toi aussi.

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Sean Connery – Photo © Bob Haswell/Express/Getty Images

  • The little things make the man. Notice the cufflinks and the pocket square. But also notice that they’re subdued—white handkerchief, understated links. And the suit, shirt, and tie are also subtle. Look chic, not like a mobster.
  • Don’t try to be someone you’re not. [Woody] Allen has spent a lifetime embracing his oddness, and women have spent a lifetime embracing him.

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Malcolm X – Photo © Eve Arnold/Magnum Photos

  • A polo shirt should be formfitting. Its sleeves should hug your biceps, and its body should fit snugly around your torso.
  • Underdressing is the only sin. You should never be afraid to be the best-dressed man in the room.
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    Jean-Paul Belmondo – Photo © Benainous-Marchetti/Gamma/Eyedea

    • Every man should own at least one pair of great khakis. And by « great, » we mean slim-cut and flat-front.
    • Personal style isn’t about buying the trendiest labels or most expensive suits. It’s about establishing a look that’s all yours and sticking with it.

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    George Clooney – Photo © AP Photo/Antonio Calanni

    • Go gray. Just be sure to keep your hair on the trim side and dress like a gentleman—not a frat boy. You’re no longer in college.
    • Ray-Ban Wayfarers will always be in style. The look worked for Dylan and Ali, it worked for Cruise, and it’s working now for every band on the planet and every fashion-minded guy in town.

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    Kurt Cobain – Photo © Juergen Teller/Lehmann Maupin Gallery, NY

    Ça se passe ici: GQ: The 50 Most Stylish Men

    Et si c’est un peu trop old-school pour toi (jolie excuse pour dire que tu n’as pas les épaules pour tant de classe), il y a aussi le numéro « Habits » de Vice Magazine

    Quand les frustrés de Photoshop s’emparent des femmes

    23 juillet 2007, posté par Yves

    On connaissait le brillant film de Dove, « evolution » (ci-dessus), qui visait à ouvrir les yeux des jeunes filles en leur faisant comprendre par l’exemple que la beauté des magazines est trop artificielle pour être jamais atteignable. Jezebel, le blog féminisant qui cause des people, du sexe et de la mode, a fait encore plus fort et a carrément mis la main sur la photo originale qui a été utilisée pour une couverture du magazine de mode Redbook. Il expose les dégâts des retouches numériques sur la jeune femme (la chanteuse Faith Hill) en superposant simplement l’image originale et la couverture finale, dans une animation simple et répétitive qui finit par donner la nausée (j’ai passé bien 5 minutes à regarder son bras)… Allez donc lire le billet en question, et les nombreux articles liés depuis celui-ci.

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    Photo © Jezebel / Redbook


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