J’ai retrouvé ma pipe absente depuis l’autre nuit mais je trébuche, je frissonne. Je risque de nouveau de perdre ce qui va et vient dans mes poches, en longeant les parois du chalet. Je me déshabille et me rhabille pour me mettre au lit. Je ne suis qu’un poète de passage. Ce lit hérité de très loin, signé d’un ou deux caractères illisibles, haut sur pattes et qui ne passe plus les portes est un revenant. Les draps sont les pages blanches où je disparais.
Où je disparaîtrai une ultime fois pour être écrit.
Et si, me dis-je, au moment de fermer l’œil, le vingt et unième siècle héritier de tout ce que je déteste était acculé à un grand acte mystique ?
Maurice Chappaz, La pipe qui prie & fume, Éditions de la revue Conférence & Maurice Chappaz, octobre 2008
Pour en savoir plus sur ce magnifique auteur romand, rendez-vous ici.
A l’origine, la légende veut qu’on aurait mis au défi Hemingway d’écrire une histoire complète en seulement six mots. Sa réponse: For Sale: Baby shoes, never worn (« A vendre: chaussures de bébé, jamais portées »). Alors Rachel Fershleiser et Larry Smith du magazine SMITH ont eu l’idée de demander à plein de gens, connus et inconnus, de faire des histoires en six mots eux aussi. Mais comme leur magazine se spécialise sur la narration à la première personne, ils ont décidé de demander à leurs contributeurs d’écrire non pas des fictions, mais leurs mémoires.
Le résultat, 11 000 textes soumis, un livre « Not Quite What I Was Planning » qui en publie près de mille, un site qui parle du livre et brode sur le même thème, et tout plein de petites formules qui vont du drôle au profond en passant par autre chose… Et un prochain projet en cours avec six mots sur l’amour et les brisages de cœurs.
Quelques vies résumées:
– Couldn’t cope so I wrote songs (Aimee Mann)
– Secret of life: marry an Italian (Nora Ephron)
– Never should have bought that ring (Paul Bellows)
– Found true love after nine months (Jody Smith)
– Love me or leave me alone (anonyme)
– Not a goog Christian, but trying (Alexander Tsai)
– I still make coffee for two (Zak Nelson)
– Thought I would have more impact (Kevin Clark)
– Everyone who loved me is dead (Ellen Fanning)
– Fourteen years old, story still untold (David Gidwani)
– Pas de regrets, que des expériences (moi)
Et toi ami lecteur, elle se résume à quoi la tienne de vie? Allez, fais pas ton timide et balance-nous ta prose dans les commentaires ci-dessous.
Puisque LiLeLa en est désormais réduit à de vaines lovecrafteries sous le couvert d’analyses scientifiques peu rigoureuses, je m’empresse de suivre les traces de cette gambaderie entre les mamelles graisseuses de la weird fiction pour sortir de mon chapeau sans fond ces quelques œuvres certes chouettes d’un artiste néérlandais aux idées un tantinet farfelues mais tiptop quand même.
Zeger Reyers a donc décidé, un beau matin de rosée cuvée 2001, de vacciner des objets de notre vie quotidienne qu’il avait trouvé dans le sous-sol du Centre d’Art Contemporain Witte de With à Rotterdam avec des spores de pleurotus ostreatus, le « pleurote en huître » (ie. les pleurotes de nos tablées automnales). Tout ça dans le cadre d’une exposition appelée Hortus Conclusus, avec délicatesse et poésie.
Et si vous désirez obtenir de plus amples informations sur les champignons dans la vie palpitante de LiLeLa, je ne peux qu’introduire subrepticement ce joli traîté de mycologie cosmogonique appliquée par H. P. Lovecraft, honorable résident permanent de ces pages.
Alastair Heseltine a une galerie en ligne où on peut voir ses sculptures, paniers, et tout plein d’autres choses compliquées qu’il a faites avec du bois. Un peu de poésie et d’ironie avec cet arbre coupé en bois de cheminée.
De prime abord, on aurait pu traduire Fallen Art par L’art de la chute. Mais on ne trouvera rien d’artistique, ni de poétique dans ces quelques minutes de pure horreur animée. Tout juste un relent d’amertume dans ce mauvais goût de mauvaise blague que nous laisse ce fou-rire aussi noir que l’ébène d’une nuit sans lune perdu dans la campagne des environs de Providence, Rhode Island (sic).
On le sait bientôt tous, LiLeLa est le refuge de bien des poètes dont l’âme est perdue dans les limbes infinies du putride Internet, ce démon qui nous possède tous. Si, si.
On osera donc aujourd’hui vous proposer un extrait-fleuron de la culture sicilienne, berceau de maintes civilisations et de nuits passées sous les mamelles réconfortantes de la pleine lune d’été.
Un grand moment de poésie, je vous le dit haut et fort. Allez ! Tous en cœur : « Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah! »
Thanatorama, ça fait un peu Papiliorama, sauf qu’il y fait moins humide et que les seuls papillons y virevoletant dans les airs sont des âmes fraîchement libérées de leurs lourdes enveloppes corporelles et en route vers le Purgatoire.
Officiellement, Thanatorama est une « aventure dont vous êtes le héros mort », un webdocumentaire sous forme de diaporama quasi interactif qui vous trimbale parmi les différentes étapes suivant immédiatement votre mort. De l’embaumement à la visite de l’usine de cercueils, en passant par votre dernière manucure, on frise là le superbe enrobé d’une élégante sobriété. Un très bel effort qui mérite bien de faire partie de la tagégorie poésie de LiLeLa.
Tous les expats qui y vivent le savent. La solitude (volontaire) au Japon peut se révéler être un luxe dont seuls certains experts savent s’enrober. Moi qui pensais sensiblement que le RER parisien du matin était un vrai parcours du combattant coudes écartés et poings levés rageusement dans les dents de la grosse voisine qui refuse de se pousser alors que je dois descendre, je me plantais le doigt dans l’œil jusqu’au coude. L’enfer de la migration pendulaire, c’est à Tokyo qu’il connaît son apogée :
De plus le Japon, au même titre que d’autres pays modernisant, aime également à parquer ses humbles travailleurs dans des bureaux ouverts (open plan) pour mieux pouvoir surveiller et optimiser leur productivité.
Adieu (bis) donc à la solitude, au silence et autres bienfaisants gazouillis d’oiseaux.
Or, selon des sondages et autres études scientifiques menées par LiLeLa dans le plus grand secret, ce genre de distribution spatiale ne laisse que très peu de place à la sphère privée et risque même de faire baisser le niveau de concentration desdites fourmis (sic).
scaryideas a déniché la solution par le compromis : The Office Collar nous permet de travailler avec nos petits camarades d’espace sans être dérangés par leurs remugles et autres décolletés trop charnus. En plus, The Office Collar s’adapte aussi très bien au cou de votre caniche que vous venez de faire opérer de la prostate.
Moi je vous le dis, le télétravail, c’est quand même tip top.
Ça se passe pendant le concours Miss Teen USA 2007, et c’est la Miss Caroline du Sud à qui on pose une question sur l’éducation. La juge annonce que des sondages récents montrent qu’un cinquième des Américains ne savent pas situer les USA sur une carte du monde, et lui demande quelle en est la cause selon elle. (« Recent polls have shown that a fifth of Americans can’t locate the U.S. on a world map. Why do you think this is? »)
Petit rappel sur la Caroline du Sud: C’est un des États les plus conservateurs des États-Unis, ancien leader de la cause sécessionniste en 1860, premier État à quitter l’Union, c’est sur son sol qu’a débuté la guerre de Sécession. Jusqu’en 1940, les candidats démocrates à l’élection présidentielle y obtenaient plus de 90% des suffrages. Progressivement, les électeurs se sont détournés des candidats démocrates et c’est aujourd’hui un des États les plus républicains du pays.
Source Wikipedia
Et pour ceux qui n’auraient rien compris à sa réponse, voici la transcription mot à mot:
MISS SOUTH CAROLINA: I personally believe that U.S. Americans are unable to do so because some people out there in our nation don’t have maps and I believe that our education like such as in South Africa and the Iraq — everywhere like such as, and I believe that they should… our education over here in the U.S. should help the U.S. — or should help South Africa and should help the Iraq and the Asian countries so we will be able to build up our future…
Je suis extrêmement content. Grâce à LiLeLa, mais aussi un peu grâce à Artifica, ma sordide nécrophilie voyeuristique peut enfin se passer du vol 1397 et éviter de glisser sur une once de malchance métropolitaine pour visiter le Cimetière du Père-Lachaise sans se mouiller le marcel.
Ce site nous offre une visite virtuelle du lieu et il est de mon devoir d’avouer bien bassement que c’est quand même trop tiptop pour que lll faille à sa tâche de héraut du ouèbe.
Du coup, on retombe évidemment à quatre pattes dans un pseudo-métavers, mais LiLeLa c’est aussi un peu ça : un ouroboros enfant qui ne regrette rien.
La science est impuissante face à la mort.
Seuls l’art et les rêves nous offrent une consolation.