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« religion »

Pisser, ça rapporte

12 juillet 2007, posté par Marc

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Un billet de 10000 yen. Image © 日本銀行

Depuis avril, un mystère hante l’archipel nippon, de Hokkaidō jusqu’à Okinawa. Quelqu’un laisse généreusement, dans les toilettes des hommes des bâtiments gouvernementaux, des enveloppes de 10000 yen (60 euros).

Jusqu’à ce jour, ce plaisantin à la fibre philanthropique n’a pas été identifié. Les journaux japonais gambergent à longueur de pages, essayant de dresser le portrait-robot psychologique de ce mystérieux personnage. Les hypothèses vont bon train : il s’agirait d’un homme, il serait âgé, sans doute affaibli par la maladie, plutôt religieux… sûrement triste.

En effet, les enveloppes ont toutes été découvertes dans les toilettes des hommes, et toutes étaient confectionnées en papier traditionnel washi (和紙) et contenaient une lettre mâtinée de bouddhisme qui souhaite, d’une écriture tremblante, que cet argent soit « utile sur votre chemin de la connaissance ».

S’agit-il d’un ancien fonctionnaire qui souhaiterait, à sa manière, honorer une profession souvent décriée ? Est-ce un message sarcastique à l’encontre de ces mêmes fonctionnaires, les invitant à « essuyer » leurs méfaits ? Ou s’agit-il seulement d’une personne à l’article de la mort qui désire, par un dernier geste médiatique, amender ses erreurs ? Toujours est-il que depuis le 9 avril, ce vieux monsieur (si l’hypothèse se confirme) a laissé pas moins de quatre millions de yen (23900 euros) dans les toilettes des mâles ronds-de-cuir…

Vous ne vous plaindrez pas que LiLeLa ne vous a pas mis au parfum : lors de prochain voyage au Japon, n’hésitez pas à aller pisser à la mairie du coin : en soulageant votre vessie, vous libèrerez peut-être du même coup une âme en peine.

Merci les agences de presse

Une chanson drôlement raciste

12 juillet 2007, posté par Marc

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Sarah Silverman dans Jesus is Magic. Photo © Black Gold Films, 2005

Sarah Silverman, en plus de la beauté, a hérité de tous les dons de la terre : elle est comédienne, écrivain et chanteuse. Née le 1er décembre 1970 à Bedford, dans le New Hampshire, elle s’est spécialisée dans l’humour et la satire, traitant sans complexe de thèmes aussi tabous que le racisme, le sexisme et la religion. Elle s’est notamment illustrée dans la caricature de jeunes bourgeoises juives (que les Étasuniens surnomment péjorativement JAP). Pour ceux qui en douteraient encore, rappelons que Sarah Silverman a un alibi qui la dédouane de tout soupçon d’antisémitisme : elle est elle-même juive.

Elle a acquis une grande notoriété en 2005, lorsque son spectacle en solo, Jesus is Magic, a donné lieu à un film du même nom tourné par Liam Lynch. Sarah s’est également trouvée au centre de nombreuses controverses issues des différentes communautés étasuniennes. On lui doit notamment cette étonnante sortie qui illustrera bien le goût piquant de son humour :

« Tout le monde accuse les Juifs d’avoir tué le Christ ; les Juifs à leur tour rejettent la responsabilité sur les Romains. Je suis l’une des rares personnes qui pensent que c’est la faute des Noirs. »

“Everybody blames the Jews for killing Christ, and then the Jews try to pass it off on the Romans. I’m one of the few people who believe it was the Blacks.”

Sarah Silverman est aujourd’hui le personnage principal d’une série télévisée sur la chaîne câblée Comedy Central : The Sarah Silverman Program. Dans cette émission, qui a débuté en février de cette année et qui connaît un franc succès, Sarah joue son propre rôle, à cela près que dans la série, son personnage est à la fois chômeuse, immature et irresponsable.

Je suis tombé l’autre jour sur le clip d’une chanson de Sarah datant de l’année passée : I Love You More Than… Comme vous le découvrirez en visionnant la vidéo ci-dessous et en lisant quelques paroles extraites de la chanson (traduites très littéralement par mes soins), Sarah n’a pas peur de dégommer avec entrain le « politiquement correct » étasunien.

Cela dit, quelques esprits chagrins ont prétendu que Mlle Silverman était raciste. Vous voulez mon avis ? Ils n’ont rien compris.

Traduction littérale (extraits) :

Mon amour pour toi est plus fort que celui des ours pour le miel.
Mon amour pour toi est plus fort que celui des Juifs pour l’argent.
Mon amour pour toi est plus fort que les Asiatiques en mathématiques.
Je t’aime même si c’est démodé.
Mon amour pour toi est plus fort que les Noirs qui ne donnent par de pourboires.
Je t’aime autant que [l’acteur] Gary Busey.
Mon amour pour toi est plus fort que celui des gouines pour la chatte.
Je t’aime encore plus que le bong monstrueux qui clôt mes spectacles,
Mais peut-être n’est-ce que [l’héritière] Patty Hearst qui s’acoquine avec ses ravisseurs,
Peut-être n’est-ce que des mineurs sud-africains qui tuent les bandits-rappeurs qui portent leurs diamants,
Peut-être est-ce comme les mecs noirs qui entre eux s’appellent « nègres ».

Texte original (extraits) :

I love you more than bears love honey.
I love you more than Jews love money.
I love you more than Asians are good at math.
I love you even if it’s not hip.
I love you more than black people don’t tip.
I love you like Gary Busey.
I love you more than dykes love pussy.
I love you more than my after-show monster bong hit
But maybe it’s Patty Hearst siding with her kidnappers
Maybe it’s South African miners killing, diamond wearing gangster rappers
Maybe it’s like when Black guys calling each other niggers.

Un journal à la main

11 juillet 2007, posté par Marc

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Photo © Scott Carney / Wired, 2007

Avant la colonisation britannique, l’ourdou était la langue de la Cour de Delhi, et la richesse de son vocabulaire (d’origines indienne, persane et arabe) lui avait permis de gagner un très haut niveau de sophistication et d’élégance. Avant 1947, l’ourdou et l’hindi constituaient d’ailleurs la même langue, alors appelée hindoustani. Depuis la séparation de l’Inde et du Pakistan, ces deux langues sœurs se sont éloignées l’une de l’autre, l’ourdou perdant peu à peu son vocabulaire d’origine sanscrite au profit de mots d’origine persane ou arabe. Aujourd’hui parlé par plus de 160 millions de personnes au Pakistan (dont c’est la langue officielle) et au nord de l’Inde (où il est l’une des 22 langues reconnues par la Constitution), l’ourdou est également la langue maternelle d’un grand nombre de locuteurs disséminés à travers le reste du sous-continent.

À Madras (Chennai), ville de l’Inde du Sud, capitale de l’État du Tamil Nadu, existe depuis 1927 un journal ourdou entièrement composé… à la main : le Musalman. Tiré à vingt mille exemplaires, ce quotidien est imprimé depuis les années 1950 sur une ancienne rotative héritée d’un journal américain aujourd’hui disparu. Il est lu principalement à Triplicane (sur la côte de la Baie du Bengale) et à Madras.

Le rédacteur en chef, Syed Fazlulla, dirige — du haut de ses 76 ans — une équipe de six personnes dont quatre calligraphes (ou katibs) qui pratiquent l’art inestimable du nastaʿlīq, l’écriture ourdoue. Le journal utilise en grande partie des nouvelles traduites de l’anglais et publie également des poèmes et des messages de dévotion.

Bien que d’obédience musulmane, ce journal emploie aussi bien des femmes que des hommes, des musulmans que des hindous. Il est l’un des derniers sanctuaires de la calligraphie ourdoue qui, pendant longtemps, avait été l’apanage des hautes classes, de l’éducation et des esprits libéraux. Aujourd’hui menacé par l’informatique (les premières polices de caractères ourdoues ont vu le jour au milieu des années 1990), le journal risque de disparaître. Quand son rédacteur en chef ne sera plus en mesure de tenir la barre, son fils, Syed Nasarulla (qui se désintéresse totalement de la calligraphie) ne poursuivra sûrement pas l’entreprise, ou tout du moins pas sous cette forme-là : il ne comprend pas pourquoi le Musalman n’est pas depuis longtemps passé à la PAO.

Quand le Musalman aura fermé, quand les derniers katibs encore en vie cesseront de pratiquer leur art, c’en sera fini de l’art suranné des poèmes quotidiens portés par les plus douces arabesques. Tout fout le camp, surtout la beauté.

Merci Wired

Le renouveau du chamanisme sud-coréen

8 juillet 2007, posté par Marc

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Photo © Seokyong Lee / The International Herald Tribune, 2007

À Séoul, on trouve pas moins de trois cents temples chamaniques où, quotidiennement, les pratiquants sacrifient des porcs, dansent avec des armes en plastique afin d’apaiser l’âme d’un enfant défunt et marchent sur le tranchant d’épées pour impressionner les esprits malins.

Les chamanes coréens se réclament d’une longue tradition populaire mâtinée de taoïsme et de bouddhisme. La grande majorité des officiants sont des femmes (appelées mudangs : 무당 = 巫堂) qui ont découvert leurs aptitudes à servir de médiatrices entre esprits et humains lors de fortes crises existentielles (liées notamment à la mort d’un proche ou, simplement, à un « signe » perçu dans la nature). Aujourd’hui, nombreux sont les Coréens qui consultent des mudangs en cas de maladie ou lorsqu’ils espèrent plus de chance en affaires. Bon nombre de politiciens (qu’ils soient chrétiens ou bouddhistes) ont également recours à leurs services, élection oblige.

Longtemps diabolisé par les missionnaires chrétiens, condamné à la clandestinité durant l’occupation japonaise, persécuté par le gouvernement militaire qui a suivi la Guerre de Corée, le chamanisme coréen (ou muisme) connaît aujourd’hui une période florissante : quelque 300000 mudangs officieraient au Pays du matin frais (조선 = 朝鮮), reconnus désormais comme dépositaires des traditions, des rituels, des danses et des costumes populaires. Mais la Corée s’avérant également l’un des pays technologiquement les plus avancés (au même titre que le Japon), le muisme s’est largement développé sur Internet, à travers des domaines commerciaux, des blogues et des sites de voyance gérés par les plus jeunes pratiquants.

Si vous souhaitez vous « convertir », sachez qu’il faudra d’abord vous familiariser avec environ dix mille divinités (dont Jésus et la Vierge) subdivisées en plus de 270 catégories… Largement de quoi traiter votre lumbago.

Merci The New York Times

Vaudou maux d’amour

27 juin 2007, posté par Marc

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Photo © My Crazy Stuff, 2007

Ça faisait longtemps qu’on l’attendait. Votre travail vous les brise, les impôts vous empêchent de partir en vacances ou d’acheter la bécane de vos rêves ? La poupée vaudou antistress (livrée avec trois aiguilles) vous permettra de vous défouler à moindre coût. Peut-être même que votre banquier, votre boss ou votre fonctionnaire préféré finiront par se péter une guitare, à force que vous perforiez votre figurine souffre-douleur.

Il existe un autre modèle, « spécial garçons », avec lequel vous maudirez votre femme (ou votre maîtresse) en toute discrétion. Vous pourrez par exemple obtenir la fermeture de sa boutique de fringues, couper son téléphone, lancer quelque malheur à votre belle-mère. Bref, que du bonheur en perspective.

Cela dit, une « version filles » est aussi disponible. Mais nous n’en parlerons pas. Le pris de l’une de ces diableries du dimanche, qui sentent bon la haine et la vengeance ? 8.90 €. Une bagatelle, pour pactiser avec le Bawon Sanmdi

Au fait, à quand les sachets de tétrodotoxine ? J’en achèterais par kilos.

La vraie Cène, en coulisse

8 juin 2007, posté par Stahlhelm

my [confined] space est un sympathique photoblog (?!*#) que je suis depuis quelques éons déjà, notamment en raison de sa vive mais humble propension à se pencher sur des sujets qui me donnent ces fameux guilis dans le slip, à savoir le Grand Cthulhu et ses acolytes de pas loin de Vhoorl. Et là, depuis quelques autres éons aussi, il s’amuse à présenter ses Variations Goldberg de la représentation de la Cène. Attention aux yeux et aux estomacs, c’est à toutes les sauces. Extraits :

Les sopranos
Cène - Les sopranos

Pastafarisme
Cène - Pastafarisme

Le Patron
Cène - Satanisme

Le reste de la série se trouve ici.


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