De prime abord, on aurait pu traduire Fallen Art par L’art de la chute. Mais on ne trouvera rien d’artistique, ni de poétique dans ces quelques minutes de pure horreur animée. Tout juste un relent d’amertume dans ce mauvais goût de mauvaise blague que nous laisse ce fou-rire aussi noir que l’ébène d’une nuit sans lune perdu dans la campagne des environs de Providence, Rhode Island (sic).
Plus connu sous le nom de Chéri Herouard, ou encore Herric, le petit Chéri-Louis-Marie-Aimé (1881-1961), très aimé de sa maman chérie, a passé son enfance dorloté entre les doux bruissements des jupons de satin de ladite manman et ses copines tout aussi glousseuses et guillerettes. Très tôt il s’est armé d’un crayon (monochrome d’abord) et d’une gomme pour illustrer ces jeux gais et innocents qui en émoustilleront plus d’un rétro-activement.
La Vie Parisienne – 1924
Plus tard, le derrière des oreilles moins humides, Chéri (on ose l’abréger) se lancera dans l’illustration pour des magazines français tels que La Vie Parisienne, mais aussi dans la plus abjecte des pornographies qui ne réjouira guère que les plus ardus des lecteurs de LiLeLa.
La Vie Parisienne – 1924
Une magnifique collection Flickr rend hommage à ce simple hérault de la frivolité gauloise.
Non seulement les photos de John Ross sont originales et explorent des manières quasi abstraites de montrer des corps tout en simplicité organique et minimaliste, mais en plus elles sont vraiment belles. Et comme si ça suffisait pas, le site tout en flash est très original et son interface est un délice.
Parce qu’il n’y a pas que le fric dans la vie, mais qu’on a souvent un billet en poche et du temps à perdre. Pendant que Musely s’amuse avec la perspective et les profondeurs de champs, et redécouvre son patrimoine, Hasegawa Yosuke quant à lui rend hommage aux grands de ce monde tout en les désacralisant un peu au passage…
Il aurait cassé son appareil photo digital, mais plutôt que de le mettre à la poubelle et s’en racheter un nouveau, il aurait commencé à prendre des photos psychédéliques avec son appareil déréglé… Il en aurait fait toute une série, qu’il balance sur sa galerie Flickr. Ses clichés seraient pris en mode manuel, sans aucun traitement ou filtre. Voilà ce qui arriverait quand on recréerait les expériences chimico-lumineuses du bon vieux temps du film, mais sur un nouveau support qu’on pensait trop neutre pour se prêter à ce genre de rigolades.
Mais voilà, dans ce bon vieux web 2.0 ou tout le monde donne son avis sur tout, certains crient à la supercherie, et disent qu’il n’y a pas que Photoshop dans la vie c’est vrai, mais que pour prendre des photos bizarres, il suffit de jouer avec les réglages de son appareil pour lui faire faire des trucs qui dépassent ses limites normales. Lui, rétorque avec une vidéo de sa méthode.
On y va pour les photos ou pour le débat, ou simplement pour s’inspirer à faire des trucs pas très catholiques avec son vieil appareil qui prend la poussière en pleurnichant…
Thanatorama, ça fait un peu Papiliorama, sauf qu’il y fait moins humide et que les seuls papillons y virevoletant dans les airs sont des âmes fraîchement libérées de leurs lourdes enveloppes corporelles et en route vers le Purgatoire.
Officiellement, Thanatorama est une « aventure dont vous êtes le héros mort », un webdocumentaire sous forme de diaporama quasi interactif qui vous trimbale parmi les différentes étapes suivant immédiatement votre mort. De l’embaumement à la visite de l’usine de cercueils, en passant par votre dernière manucure, on frise là le superbe enrobé d’une élégante sobriété. Un très bel effort qui mérite bien de faire partie de la tagégorie poésie de LiLeLa.
Vous vous souvenez de Blu, n’est-ce pas? On vous en a parlé déjà, c’est un peu l’ami de LiLeLa (mais toi aussi ami lecteur, même sans son talent, tu es l’ami de LiLeLa…), qui fait des fresques incroyables.
La dernière sur laquelle je suis tombé: l’évolution de l’Homme, en une longue chaîne sur un mur qui change de taille au fur et a mesure… Cliquez sur l’image pour admirer ses 12 000 pixels de large.
En naviguant péniblement ce matin sur la Toile (un tantinet sablonneuse), je suis tombé sur un blogue un poil ado mais tout autant rallié à la cause des dieux lovecraftiens. Il s’agit une fois de plus d’une collection iconographique (moins élégante que celle de l’auteur émérite d’Under Vhoorl’s Shadow) dédiée à la plus suintante des créatures science-fictives. Un petit tour messieurs dames ? C’est par ici qu’ça s’passe : Lolthulhu.
Tu te rappelles la dernière fois quand on t’a parlé de la Cène et que ça t’a rappelé les aventures de Jean Reno? Bon ben maintenant fini les rigolades, on se penche sur la vraie Cène, celle peinte par Léonard sur le mur du couvent de Santa Maria delle Grazie de 1494 à 1498. On se penche tellement, qu’on y voit des détails qu’on avait jamais vu, même si on a fait partie des 350 000 visiteurs qui viennent la voir chaque année.
16 milliards de pixels, c’est 1600 fois plus précis que ton appareil photo digital à 10 mégapixels dont tu es si fier, et c’est la résolution que nous offre HAL9000 sur Haltadefinizione.com. Et ça permet aussi de zoomer sans culpabiliser en se demandant si on contribue à la destruction de l’œuvre juste en étant là. Tout comme Lascaux qui a finalement été fermé au public, il semblerait que les techniques avant-gardistes utilisées par Léonard pour cette fresque la rendent encore plus fragile et que les visiteurs en accélèreraient sa disparition.